La fiancée du Bouddha

Auteur : Carole Victoire Wattinne

Editeur : Editions Les 2 Encres

La Fiancée du Bouddha... Est-ce un conte de fées, un conte de fous ? Non, c'est une histoire vraie. Elle, la Fiancée, c'est Nuage, quatorze ans. Lui, le Bouddha, c'est la Vie. Ils s'entendent à merveille. Mais trop vraie sans doute, insupportable et différente, Nuage dérange. Pour la «normaliser», sa famille la confie à une médecine dure, la psychiatrie. «Juste un mois», lui dit-on, «en guise de leçon». Le mois dure onze ans.

C'est un peu le parcours du Petit Prince en enfer. Vous verrez Nuage se battre, tomber, se remettre sur pied, créant des mondes imaginaires puissants pour survivre dans ce drôle de théâtre interprété par des psychiatres et autres fous bizarres. Mais quand on est La Fiancée du Bouddha, on est aussi l'épouse de l'espoir. Nuage s'en tire, solide comme une biscotte, elle s'évade et gagne.

Ce livre étonnant nous surprend sans cesse. Le tragique de l'histoire, la cruauté des faits sont rendus au spectacle. On arrive à s'en amuser. S'il dénonce un système psychiatrique aux «bienfaits» très limités, c'est à l'aide d'une poésie mordante, de changements de tons et de registres, d'un merveilleux théâtre qui se joue du malheur, pour mieux révéler le vrai tragique, celui de la perte de notre humanité. Soigne-t-on la vie en l'enfermant ? Non. Comme le dit magnifiquement Boris Cyrulnik : «C'est la culture qu'il faut soigner.»

13,00 €
Parution : Août 2007
ISBN : 978-2-3516-8045-2
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Extrait

Petit homme sur la terre, toi qui viens des étoiles

Ne sois pas trop surpris si, dès les premières pages,
je joue la vie que j'ai vécue ou plutôt,
je joue le rôle que j'ai vécu de toute ma vie,
je le rends au ludique,
afin qu'il ne se joue de moi une seconde fois...

La Vie, c'est grand, c'est vert, c'est mouillé
ça puise de tous côtés, c'est immense
et puis sans avoir rétréci, ça passe dans un grain de séné,
c'est inouï !
Le mystère des mystères et c'est toujours la Vie...

Mais pour nous, ses acteurs, elle n'est souvent qu'un tout petit théâtre. Nous y sommes attendus, la pièce est en cours, toujours, la mise en scène, bizarre : famine, opulence, guerre et paix. Mais nos rôles sont là... Nous nous y enfilons selon nos tendances, et sans réelle liberté ou conscience, nous jouons.
Parfois nous sommes joués. Nous devons le savoir.
Cela nous détache de la souffrance qui redevient le maquillage, le fard du rôle que nous interprétons ou non.
Quand on en a assez, on peut tout déposer, changer de regard, vivre haut.
Cette conviction secrète ne vient pas de ma tête. Il y a une seconde où tout peut basculer et cette seconde qui est là, qui nous guette, mieux vaut ne pas la rater.
Alors notre vie n'est plus étouffée dans ce tout petit théâtre où nous jouons les maris, les victimes, les bourreaux, les sténos, les héros, les schizos. Elle est comme la Vie : immense !

Aussi, avant de t'inviter au voyage de Nuage, qui est un voyage à l'intérieur d'un tout petit quelqu'un de quatorze ans...
Je voulais te dire : «Nuage, c'était moi.» C'est le bon rôle que j'ai interprété. Pourquoi «bon» alors qu'il faillit me tuer ? Qu'il fut si délicat, difficile à ôter et qu'un grand vent de vie dut m'en libérer ?
Parce qu'il devint, je pèse mes mots, la route de ma LUMIÈRE et de mon HUMANITÉ.

Pour ne pas souffrir, il faut oser tout rechoisir et rire. C'est pas aisé, mais pourquoi pas... si l'on fabrique, dans ce monde qui n'amuse pas vraiment, beaucoup d'amour-liberté pour le vivre autrement.

Informations sur le livre