KHABAS : Clés d'Alohis (Les) - Opus 2

Auteur : Jacky Sourisseau

Editeur : Editions Les 2 Encres

De nos jours, Richard Rosslyn, un petit libraire français, parti s'installer, pour des raisons obscures, à New York, se voit contraint de fuir, pour des raisons encore plus obscures, la femme qu'il attendait depuis près de quinze ans...
Qui est-il ? Où va-t-il ? Que fait-il ? Qui fréquente-t-il ?
La réponse n'est pas banale...

«Digne de la saga La guerre des étoiles, on retrouve dans ce roman les impressionnants vaisseaux spatiaux, les monstres de chair et de métal, les monarques absolus, les conflits interplanétaires et les batailles mouvementées dans des lieux imaginaires, mais aussi tous les ingrédients d'un bon policier noir et mystique. L'auteur, qui sait mélanger le réel et la fiction, les rebondissements et l'aventure, les personnages en tous genres et les sentiments, place son livre dans la catégorie des romans d'aventures.
Le personnage principal, sorte de Sherlock Holmes des temps futurs ou d'Indiana Jones des temps modernes, est suivi de près par ses deux fidèles acolytes dans la quête de la vérité. Trio de choc, ils remontent petit à petit les pistes semées d'embûches, où la recherche et l'ingéniosité des énigmes leur posent de sérieux problèmes». Clara Michaud.
Un enfer de glace, Opus 1 de cette trilogie, est résumé dans les premières pages de ce livre.
Dans l'Opus 2, nos trois héros poursuivent leur délicate enquête. Au travers d'aventures périlleuses, ils font la connaissance du monde bleu, rassemblent toutes les pièces du puzzle, et sont confrontés à moult autres péripéties. La mégapole d'X.S., où des peuples pratiquent des rites étonnants qui troublent notre héros, se révèle plus perverse que jamais. Les éléments essentiels sont mis en place : le ou les coupables sont identifiés, mais les motivations restent obscures...

20,00 €
Parution : Juillet 2007
269 pages
ISBN : 978-2-3516-8048-3
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Extrait

Où vont se perdre les rêves du dernier sommeil ?

Peraa n'est encore qu'une enfant, elle n'a pas de passé, pas de traditions, nous faut-il lui en inventer ? Je pense que le temple des étoiles n'a pas besoin d'asseoir sa puissance sur des repères dont il n'a pas réellement besoin. Les us et coutumes ne voient le jour qu'avec le temps qui passe, et la sépulture de l'élu suprême trouvera finalement son originalité dans sa part d'improvisation. Le déroulement haut en couleur de cette soirée s'est décidé en mon absence. L'Ad Honores avait laissé quelques vagues ins­tructions, très vite interprétées et amplifiées par l'enthousiasme du conseil des consultants. J'ai seulement apporté, à notre retour d'Ixo, une touche finale qui vaut son pesant d'or, inspirée des dernières tendances terrestres, idée qui, à ma grande surprise, a fait l'unanimité.
Les derniers rayons de Dragun junior vont nous quitter, et la nuit aldoparienne, faisant main basse sur X.S., va bientôt recouvrir la mégapole de tous les excès d'un voile de perversité, de plaisir et d'illusion. La machine va se mettre en marche, elle va tout broyer sur son passage, petits et grands, excessifs ou prudents, tout ce petit monde y trouvera son compte. Et c'est dans cette ambiance de sombre folie étincelante que le conseil a décidé de conduire notre cher Ad Honores disparu à travers les artères principales de ce gigantesque parc d'attractions. Cette mascarade n'est pas de mon goût, et je dois reconnaître que je me sens plutôt mal à l'aise, juché avec les autres Référents sur ce petit vaisseau affublé d'une plate-forme en escalier. Je voudrais être à cent lieues d'ici, et j'ignore en partie la cérémonie en conversant avec mon amie Shoreline. Nous sommes précédés par le vaisseau mortuaire, lui-même encadré de douze véhicules, dont notre cher Sîmorgh, chacun piloté par un Astorian. Il n'y a bien que l'ineffable Angel pour trouver un quelconque intérêt à cette pantalonnade délirante, à cette kermesse spatiale. Il se pavane, telle une reine de carnaval. Est-ce une fête confuse, une occasion providentielle ou une sépulture salutaire ? Les sentiments se mêlent et se confondent à l'image de l'éclectisme de la population d'X.S.
Le corbillard à tuyères est drapé de milliers de rubans aux multiples couleurs. Tels des serpentins, ils encerclent la navette funèbre comme une chevelure qui traînerait jusqu'au sol. Chaque consultant a déroulé sa petite bandelette, comme autant de cordons ombilicaux qui relieraient ce vénérable personnage à tous les représentants de l'univers connu. Cette parure inattendue inspire la population qui lance à son tour, en direction du mauso­lée ambulant, moult tissus, foulards, fleurs et bijoux, qui viennent en grande partie tapisser le sol noirâtre de la ville. C'est une pluie incessante et colorée qui déferle depuis le sommet des hôtels et des véhicules en position stationnaire, dont les occupants juchés sur les carénages, s'agitent comme les spectateurs d'un triomphe romain.
Cette foule acclame un être dont elle ne sait rien, dont l'image n'est connue que des consultants du temple des étoiles. Dans cette euphorie, nous remontons lentement l'immense avenue qui nous conduit tout droit au centre d'X.S., sur l'esplanade des Vrishabhas, vers l'ultime demeure de l'Ad Honores, puisque j'en ai décidé ainsi.
Les ténèbres se sont emparées définitivement de la capitale des plaisirs, cachant ainsi au reste du monde l'étrange pudeur qui consiste à taire ses envies. Les souffrances sont au jour ce que les délices sont à la nuit. C'est également l'heure où les plus démunis, les victimes d'X.S., refont surface. Cette cérémonie soudaine est une aubaine pour les gueux, et les malandrins s'en donnent à coeur joie, en se précipitant à la traîne de la procession. Ils s'emparent des verroteries abandonnées sur le passage de l'auguste élu, il s'ensuit quelques escarmouches vite réprimandées par une horde de Factiors aux aguets. Ces rapines sont-elles un sacrilège ou un bienfait ? Une civilisation qui voue un culte aux gagnants oublie qu'elle génère surtout des perdants.
L'Ad Honores est allongé sur un matelas de pétales de fleurs inconnues, le visage tourné vers un firmament qui lui tend les bras. Il sait enfin où vont se perdre les rêves du dernier sommeil. Si le paradis n'existe pas, il faudrait l'inventer pour lui, car la question qu'il s'est toujours posée montre sa grandeur : ai-je été plus juste que bon ? Lui qui avait tout perdu décida pourtant de tout donner.

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