Mathilde et Son Pianiste

Le ressort caché du désir
Auteur : Anne-Cécile Frébeau

Editeur : Editions Les 2 Encres

Mathilde, passionnée de musique, a décidé de passer ses vacances d'été à Chantonnay, petit village vendéen. Elle sait qu'elle habillera sa solitude d'activités diverses, repos, mais aussi de son imaginaire débordant. Ainsi, dès le début de son séjour, elle rencontre Edith, que son mari, Pierre O., célèbre pianiste, doit rejoindre. Or, sans nouvelles de ce dernier, celle-ci s'inquiète et n'hésite pas à solliciter Mathilde à qui elle se confie. Que signifient ces messages qu'elle reçoit et qu'elle est incapable d'interpréter ?
Mathilde n'hésite pas à lui apporter son soutien et ses connaissances en matière de musique. Elle suit les indices musicaux qu'on lui présente, comme d'autres suivraient une carte ou un plan. Que cache sa recherche ? Parviendra-t-elle à élucider le mystère qui entoure la disparition du pianiste ?

12,00 €
Parution : Août 2007
ISBN : 978-2-3516-8052-0
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Extrait

Pas un jour sans musique

L'histoire n'avait pas encore commencé. Elle ne le savait pas, mais, malgré sa bonne volonté, Mathilde ne se contenterait pas de quelques promenades à vélo pour donner du goût à ses vacances...
En arrivant, elle rangea ses affaires avec un soin qui excluait tout aléa. Elle faisait partie de ces personnes qui évitaient autant que possible de se laisser surprendre.
Elle avait décidé qu'elle n'utiliserait pas son véhicule durant ces deux semaines. Aussi, une fois vidé de ses bagages, s'évertua-t-elle à le garer afin qu'il soit le moins possible visible.
La priorité serait à l'exercice physique, marche et cyclisme en solitaire à travers la campagne vendéenne. On faisait peut-être mieux en matière de «campagne», mais pour la citadine qu'était Mathilde, c'était déjà beaucoup.
Son esprit était loin de ses préoccupations habituelles. La musique. Connaissait-on des musiciens vendéens ?... De «grands hommes», oui, mais pas de musiciens ! réfléchit-elle. En tout cas, elle n'en connaissait pas. Un chanteur, peut-être ?
Elle mesura sa solitude.
Elle avait même laissé son chat, placé en pension la durée de son absence. Il n'aurait apprécié ni les longues heures du voyage en voiture ni le dépaysement. Elle avait surtout craint qu'il ne s'échappe, effrayé par les cris des gamins, ou par ces parfums inconnus. Elle ne l'avait pas habitué aux changements, et elle l'adorait trop pour risquer de le perdre. À ce jour, lui seul avait partagé le quotidien de Mathilde.
Du regard, elle étudia les lieux environnants. Les familles autour d'elle la confortaient dans son sentiment de solitude. Une solitude qui ne la perturbait absolument pas, au contraire. Au premier coup d'oeil, elle estima qu'elle ferait bien de se tenir à distance de ses voisins les plus proches. Trop «famille nombreuse», trop bruyants. Pour oublier cet inconvénient d'un voisinage douteux avec lequel elle n'aurait de toute façon aucun type d'échanges, et pour se convaincre que son séjour avait vraiment commencé, elle décida d'aller jusqu'à Chantonnay à vélo afin d'y faire quelques courses.
Pour s'y rendre, il suffisait de laisser rouler avant d'attaquer une longue côte, une portion de route plate, puis encore une descente. Mathilde franchit le passage à niveau juste avant le supermarché.
Elle erra parmi les rayons, acheta quelques fruits et de quoi se confectionner un sandwich, et prit le chemin du retour, s'imprégnant du paysage et de ses parfums. Elle était essoufflée lorsque, après une dernière grimpette assez éprouvante, elle parvint au Champ-du-Loup. Néanmoins, elle était contente de sa performance.
Elle disposa les fruits dans une jatte sur la table, à côté de la radio placée là comme l'objet le plus précieux de son logement, son centre, son coeur. Elle l'alluma. Si elle se sentait capable de bien des sacrifices, Mathilde n'était pas prête de se priver de sa radio, toujours réglée sur la même station.
Pas un jour sans musique. Sa passion, son gagne-pain, mais aussi ses émotions de chaque jour, son moyen le plus sûr d'être elle-même. Porte ouverte à son imagination, elle la protégeait contre l'impression d'abandon qui, trop souvent, la menaçait. Fréquemment elle entendait sans vraiment écouter, mais, aux aguets, était capable de se mobiliser en une fraction de seconde si quelques notes l'exigeaient tout à coup, trop belles ou trop émouvantes, nostalgiques, faciles, ou au contraire emmêlées dans une construction hardie.

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