Guillotinés : Les carnets du bourreau Deibler 1885-1939

Auteur : Eric Guillon
Editeur : Manufacture de livre éditions
Sélection Rue des Livres
En deux mots...

Les carnets du bourreau Anatole Deibler cataloguent ceux qui constituent ce qu'il appelle "son palmarès". Ils sont ici reproduits avec les photos des criminels provenant des archives de la police.

29,00 €
Parution : Septembre 2019
160 pages
ISBN : 978-2-3588-7064-1
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Présentation de l'éditeur

Depuis le début de sa carrière de bourreau en 1891, Anatole Deibler a pris pour habitude de noter dans des carnets d’écolier de toile grise, en face de la date et du lieu de la condamnation, les noms de chaque condamné à mort et leur « curriculum vitae ». Une liste interminable de parricides, de satyres, d’égorgeurs, d’assassins, d’empoisonneurs de tous âges et de toutes conditions. Une fois l’exécution menée à son terme, Anatole Deibler complète son catalogue : en face du nom du condamné une croix tracée à l’encre bleue signifie qu’il a été gracié, le texte rayé d’un trait bleu, que le verdict a été cassé, enfin, une croix rouge cerclée de noir, qu’il a été guillotiné… Ces derniers auront le privilège de constituer ce qu’Anatole appelle « son palmarès ». Les extraits de ces carnets sont complétés par des photos inédites : les derniers portraits des condamnés à mort exécutés qui ont été conservés dans les archives de la police nationale.
Au-delà du témoignage historique, cette litanie de visages hallucinés ou résignés, apeurés ou bravaches, et ces fragments de vies brisées donne un éclairage tout particulier sur cette «Belle Époque», dont la nostalgie fait oublier la violence.

Extrait

« Ne bougeons plus ! » En cette fin du XIXe siècle, l’objectif d’un photographe de la police est de convaincre des clients parfois réticents, non seulement d’accepter de prendre la pose, mais aussi de la tenir. Un cliché réussi dépend avant tout de l’immobilité du sujet pendant quelques minutes… Assis sur sa chaise tournante, le crâne sur l’appui-tête, immobile, l’inculpé attend anxieusement le déclic… Peut-être sent-il confusément qu’après cette séance rien ne sera plus comme avant… Jusque-là, les malfaiteurs comme lui ont pu tromper la police et la justice en donnant de fausses identités, en se créant des alias plus ou moins vrais… Mais l’invention de la méthode d’identification d’Alphonse Bertillon1 a tout changé : on l’a toisé, mesuré, examiné sous toutes les coutures et, pour finir, photographié de face et de profil. Depuis 1880, des dizaines de milliers de malfaiteurs se sont fait tirer le portrait. Des dizaines de milliers de fiches ont été créées : des voleurs, des prostituées et leurs souteneurs, des vagabonds et autres délinquants susceptibles de faire un jour le voyage vers la Guyane. Des assassins aussi… Pour eux, la question de la récidive est secondaire. Ils ne redoutent pas la Guyane : ils l’espèrent au contraire, comme une terre promise. À moins d’un miracle, ils le savent, ils ne couperont pas à la peine de mort. L’espoir existe malgré tout : on a vu des criminels sur la tête desquels personne n’aurait parié s’en tirer avec les travaux forcés… Alors pourquoi pas eux ?

Combien de chances ont-ils ? Trente pour cent, si l’on est optimiste. Aucune, si l’on considère les impondérables : la police, les juges, le procureur, les jurés, l’avocat. Sans compter la fatalité… « Ne bougeons plus ! » Ne pas bouger, attendre et espérer. Mais si la fatalité s’en mêle, ils seront bientôt « photographiés » par Deibler2. Depuis qu’il a commencé sa carrière, en 1891, Anatole Deibler suit avec attention le résultat des procès de cours d’assises. Les condamnations à mort l’intéressent tout particulièrement, et pour cause : Deibler est bourreau. À tel point qu’il a pris pour habitude de noter dans des carnets d’écolier de toile grise, en face de la date et du lieu de la condamnation, les noms de chaque condamné à mort et leur « curriculum vitae ». Une liste interminable de parricides, de satyres, d’égorgeurs, d’assassins, d’empoisonneurs de tous âges et de toutes conditions. Une fois le procès terminé, il ne reste plus à Anatole Deibler qu’à attendre quelques semaines pour compléter son catalogue : en face du nom du condamné une croix tracée à l’encre bleue signifie qu’il a été gracié, le texte rayé d’un trait bleu, que le verdict a été cassé, enfin, une croix rouge cerclée de noir, qu’il a été guillotiné. Ces derniers auront le privilège de constituer ce qu’Anatole appelle « son palmarès ».

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