London Brothers

Auteur : John Pearson
Editeur : Manufacture de livre éditions
En deux mots...

Dans le swinging London des années 60, deux frères jumeaux, les frères Kray, installent leur empire et règnent sur le monde du crime, tout en côtoyant le tout Londres artistique et mondain.

Traduction : Eric Balmont
21,90 €
Parution : Janvier 2019
400 pages
ISBN : 978-2-3588-7268-3
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Présentation de l'éditeur

« Les Beatles et les Rolling Stones gouvernaient la pop, Carnaby Street gouvernait le monde de la mode... Et mon frère et moi gouvernions Londres. Intouchables.»
Si les États-Unis ont eu Al Capone, la France, Jacques Mesrine, les frères Kray se sont imposés comme les caïds londoniens. Nés dans les années 30 à Londres, les jumeaux Kray font leurs premiers pas professionnels sur des rings de boxe. Mais rapidement c’est dans la rue qu’ils choisiront d’exercer leur talent et les voici à la tête de « la firme », bande de voyous qui s’illustre dans les braquages, le racket et le meurtre. Ils jouent sans limite de cette violence qui leur permet de s’imposer dans Londres et d’accéder à la grande vie. Ainsi entrent dans l’histoire Reggie, l’organisateur, l’homme d’affaires, l’habile stratège politique et Ronnie, schizophrène paranoïaque, plusieurs fois interné ou emprisonné, passionné par les armes, homosexuel, figure du Londres artistique et mondain.
London Brothers est l’histoire exceptionnelle des frères Kray qui nous révèle la part d’ombre du Londres des années 60.

Extrait

C'est en octobre 1967, sept mois avant leur arrestation, que je rencontrai pour la première fois les frères Kray et acceptai de tenter d'écrire leur « biographie officielle ». Quittant mon appartement de Rome, j'avais, suivant les conseils d'un éditeur américain, pris l'avion pour le Suffolk où je fus somptueusement reçu dans le château élisabéthain où résidaient les jumeaux. En y repensant, la journée tout entière me paraît curieusement irréelle, comme si j'avais participé à la parodie affreusement sérieuse d'une bande publicitaire pour la télévision.
Les jumeaux m'avaient auparavant installé au Ritz et j'avais fait le voyage depuis Londres dans une Mercedes gris argent ; puis, en compagnie d'un certain nombre de leurs amis qui, plus tard, devaient faire à l'Old Bailey une dramatique apparition, nous mangeâmes de la langue froide et de la salade de choux dans la longue salle à manger Tudor, sous le regard des portraits ancestraux. On avait le choix, comme boisson, entre la bière brune et le Riesling yougoslave. Dans les douves, sous les fenêtres, nageaient trois cygnes noirs. Les jumeaux portaient des complets sombres, des bracelets d'or massif et paraissaient parfaitement à l'aise. Ce fut Reggie qui prit le plus souvent la parole ; il expliqua que Ronnie et lui-même envisageaient de prendre leur retraite, présentant la chose à la façon d'un homme d'affaires, las des succès et du gain, qui voudrait pouvoir profiter des plaisirs de la vie ; et, comme beaucoup d'hommes d'affaires, les jumeaux avaient envie qu'on fasse le récit de leur carrière. « On écrit tant d'idioties sur nous que je pense, avec Ron, qu'il est grand temps que la véritable histoire soit racontée. »
Je leur demandai s'ils étaient prêts à tout me dire ; ils me répondirent avec désinvolture qu'ils auraient à taire certains faits pour ne pas compromettre d'autres personnes. « On ne voudrait pas causer d'ennuis à nos amis. » Ayant tous deux l'intention de disparaître du circuit, ils se sentaient, par contre, entièrement libres de dire l'entière vérité en ce qui les concernait. « Ce livre pourrait être un truc hors du commun », ajouta Reggie. C'est sur cette note d'espoir et de confiance mutuelle que commença notre collaboration.
Au cours des mois suivants, je rencontrai régulièrement les frères Kray. Ils m'avaient trouvé un appartement en sous-sol près de Vallance Road, où était située leur maison familiale : ils l'appelaient « le Donjon » et ils me dirent que je pouvais m'y installer lors de mes séjours à Londres. Ils prirent grand soin de moi et se conduisirent en hôtes irréprochables. Es tenaient audience presque tous les soirs dans un pub caché dans une petite rue qui donnait dans Bethnal Green Road et c'était là qu'ils me parlaient. Doués d'une mémoire phénoménale, c'étaient tous deux de bons conteurs. Ronnie pouvait, parfois, être d'humeur maussade, mais il lui arrivait aussi d'être vraiment drôle lorsqu'il parlait de son enfance et de son apprentissage du crime. Les jumeaux étaient, à leur manière, des personnalités impressionnantes, des hommes puissants qui connaissaient, sans aucun doute, tous ceux qui en valaient la peine dans la pègre de Londres. Grâce à eux, je fis la connaissance d'une étrange galerie de personnages londoniens: Billy Hill, bronzé au soleil d'Espagne, qui me parla des jumeaux dans son vaste appartement de Moscow Road. « Un peu folin-gues », mais toujours prêts à « s'éduquer ». Avec lui, toute une théorie de patrons de clubs, de videurs, de gros-bras, de cambrioleurs, d'escrocs, de champions de boxe, de pickpockets, de receleurs, de vendeurs de voitures d'occasion et d'Américains de passage aux yeux dissimulés derrière des lunettes noires.

Informations sur le livre