Reliance N°24 Education Physique et Sportive et Situation de Handicap

Auteur : Collectif
Editeur : Erès

L'éducation physique et sportive occupe une place à part parmi les disciplines scolaires. Certains élèves en difficulté dans les apprentissages fondamentaux peuvent être mis en valeur tant pour leurs performances que pour leur comportement. Cette discipline peut alors servir d'intégrateur à la communauté éducative. Mais, qu'en est-il pour un élève en situation de handicap, qui cumule à la fois des difficultés avec son corps mais aussi dans ses rapports aux autres ? Or, c'est principalement dans le cadre de l'intégration scolaire individuelle que les difficultés sont les plus nombreuses. Comment trouver, à l'école ou au lycée, les solutions à toutes ces questions ?

15,00 €
Parution : Août 2007
ISBN : 978-2-7492-0741-4
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Extrait

Le monde, cette solitude
Denis Poizat

Commençons par la controverse autour de l'histoire d'Ashley, cette petite fille vivant à Seattle, aux États-Unis. À la demande de ses parents, elle a subi une hystérectomie et l'ablation des tissus mammaires : Ashley vivra avec un corps d'enfant, elle sera ainsi prémunie des pressions et assauts sexuels qui pourraient survenir l'adolescence venue. Elle souffre d'une encéphalopathie de forme inconnue. Ashley ne parlera vraisemblablement jamais, ni ne pourra se déplacer seule ; elle ne s'alimentera que par sonde gastrique. Elle ne grandira pas.

Pour le biologiste Axel Kahn, cette affaire lui semble révélatrice de l'époque, scientiste, et dangereuse : «Pourquoi ne pas lui avoir coupé les jambes, puisqu'elle ne marchera pas, cela va peut-être l'encombrer ?» ironise-t-il. Mais surtout, comment des comités d'éthique médicale ont-il pu accepter cela ?

Admettra-t-on un jour que le corps est un corps brouillon ? Qu'on le fabrique autant qu'on le déconstruit ? On le modifie parfois d'irréversible manière. Ce qui choque, à en croire les réactions sur le blog de la famille d'Ashley, c'est la «chosification» de l'existence de cette enfant.

Cet événement est certainement annonciateur de futurs points de rupture dans les sociétés technoscientifiques où l'on peut désormais attendre un bébé à plus de 60 ans.

Un autre lieu : le Darfour. Voilà plus de quatre ans que les phalanges janjawids s'acharnent, plus de deux ans que la communauté internationale se demande s'il s'agit d'un génocide, plus d'un an qu'elle s'interroge sur son intervention sans s'y résoudre vraiment.

Ceux qui s'en sont échappés, les intellectuels et journalistes qui s'y sont rendus, tous nous donnent par leur témoignage la mesure de la tragédie. Cela est tel qu'au-delà des morts auxquels il faudra penser ce sont les vivants qui comptent aujourd'hui. Or, ils sont des milliers, traumatisés, en bribes. Y aura-t-il des psychiatres pour aider ceux qui sont «devenus fous» ? Sara Daniel et Stanley Greene en montraient un de ces «fous» balayés par le vent de terreur qui souffle sur le Soudan. Il se nomme Idriss Mohamed. Âgé de 40 ans, on le voit attaché à un tronc d'arbre dans un dénuement absolu. C'est la population du petit village qui venait d'être bombardé par les miliciens de Khartoum qui en a décidé ainsi, pour se protéger et le protéger. Il est assis sur le sol, enchaîné ; on interprète son regard comme une sorte d'effroi mutique.

Ashley et Idriss, l'un à Seattle et l'autre au Darfour, sont-ils proches ? Sont-ils lointains ? De ces deux manières de protéger, de ces deux univers, se dégage une terrible solitude.

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