Meltzland

Auteur : Raphaël Meltz

Editeur : Editions du Panama

Il s'en passe des choses, dans ce livre. Oh comme il s'en passe. Serait-ce ce qu'on appelle un roman, parce qu'il y a des personnages qui s'agitent en tout sens, lors même qu'ils ne sont qu'une invention de l'auteur ? En tout cas, vous ne serez pas déçus : il y aura un gros monsieur riche, un architecte maigre, un acteur un peu inutile, une héroïne sportive et élégante et un héros qui, comme c'est étrange, a emprunté le nom de l'auteur. Il sera question d'argent, de pouvoir, de secrets et, surtout, du sens de la vie. Mais dites-moi dîtes-moi, ne serait-ce pas tout simplement ce qu'on appelle un best-seller ?
Il y a quelque chose d'autre, de très important, concernant ce livre : il faut vraiment le lire dans l'ordre, bien sagement. Sans tricher. Sinon tout le mal que je me suis donné à monter une structure narrative élaborée deviendrait subitement inutile, soyez gentils.

20,00 €
Parution : Juillet 2007
253 pages
ISBN : 978-2-7557-0211-8
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Extrait

29 DÉCEMBRE 2006

C'est une chambre, c'est la chambre d'Avril, plus tôt (plus tard vous verrez) c'était la chambre de Raphaël Meltz, cette fois c'est la chambre d'Avril, la chambre d'une jeune femme, élégante et sportive (notez que les draps et la couverture sont blancs), et Avril lit une lettre, assise sur le lit - mal assise, parce qu'elle s'est préoccupée avant tout du contenu de la lettre. Lorsqu'elle l'a vue, posée sur le lit, exactement la disposition qu'elle avait choisie deux mois plus tôt, elle a été, bien sûr, surprise, elle s'est demandé ce qu'il voulait lui dire, elle a pensé à une demande en mariage et en même temps c'était un peu incongru car ce garçon n'est pas homme à demander qui que ce soit en mariage, ce qui n'enlève rien à ses sentiments, elle l'a donc ouverte un rien inquiète, d'autant que la ressemblance avec sa propre mise en scène, qui lui avait tant coûté (l'effroi qu'il ne supporte pas la révélation), ne laissait de la surprendre, très vite elle s'est demandé s'il pouvait avoir lui aussi quelque chose de si important à révéler mais aussi vite elle s'est dit que s'il y avait eu quelque chose de si important elle l'aurait préalablement senti venir, il y aurait eu des prémisses, elle aurait eu des doutes, et pensant cela son inconscient écarte (sciemment ?) le fait qu'on ne peut jamais être préparé à ce genre de révélations, aux nouvelles qui surgissent de nulle part, et qui font si mal.
C'est une chambre, donc, et Avril lit cette lettre qui commence par les mêmes mots que ceux qu'elle avait employés, mais à quoi joue-t-il, quel est ce jeu imbécile, pourquoi m'annonce-t-il ainsi qu'il y a quelque chose de secret qu'il m'a caché et que ce secret devient pour lui trop lourd, exactement ma formulation d'il y a deux mois - les mots exacts je ne les répète pas car il faut savoir laisser une zone d'ombre (oserais-je dire d'intimité ?) à ses personnages, on ne doit pas (c'est, en tout cas, mon avis) copier-coller des mots qui sont à eux et à eux seuls, qu'ils ont utilisés dans leurs lettres et qui, dès lors, leur appartiennent entièrement, la langue française permet d'utiliser cet accessoire subtil nommé le langage indirect ; et de toute façon le contenu de cette lettre, vous le découvrirez en avançant dans cette histoire, lentement mais sûrement (car je ménagerai mon suspens avec souplesse et élégance afin de vous emmener tranquillement vers la révélation, rien de faramineux, mais tout de même, vous verrez que cette construction est plaisante), lorsque nous fermerons l'arc narratif ensemble, lorsque nous reviendrons à cette lettre de décembre, soudain les choses deviendront évidentes.
Ce sera à la fin de ce que j'appelle, en bon scénariste hollywoodien (ou dramaturge racinien), l'acte III. Pour l'instant, nous entrons dans l'acte I, celui que j'ai intitulé dans mes notes : Raphaël Meltz.

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