L'Atelier d'écriture

Auteur : Chefdeville
Editeur : Le Dilettante

Les aventures désopilantes d'un écrivain sans succès, condamné à devenir animateur d'atelier d'écriture dans des collèges et zones dits sensibles : l'anti-Bégaudeau. « - Comment que t'as causé à la moule de ma meuf, Sida? En parlant mal à Maeva, tu as souillé mon intégrité. Attends que j'te customise la calandre, tête de Maure! »

« Alors voilà, ça a commencé comme ça. » Lui non plus, Chefdeville, auteur en souffrance, polardier à la biblio light, n’avait rien dit, rien demandé, lézardant sur sa moquette. Le téléphone a sonné et l’ange du destin, mandé par le Conseil Général, lui ouvre à deux battants les portes de l’aventure, la vraie : animer un atelier d’écriture. Ouaillenotte, rumine notre homme qui se retrouve en un rien de temps garant sa fidèle 205 sur le parking d’un des mille et un lycées, bien épineux, de la grande couronne. Bienvenue chez Jean-Moulin, dans la war zone ! Prof matoneuse et élèves en roue libre : altérité plus altercation, diversité si tu l’oses, ta mère en short et ta sœur en carte ! Chefdeville joue le jeu et fait avec. Compte tenu des heures à payer et du planning à respecter, il se retrouve en poste un cran plus loin chez Pablo-Neruda à enseigner le scénario à des jeunes d’aujourd’hui, nanti comme colistier d’un naze en catogan censé apprendre à faire le point et le cadre à des sans-repères-fixes, adeptes du hors-champ social. La loi des corps voulant qu’il y en ait pour trois quand on est déjà deux, revoici Chefdeville à Pablo-Neruda avec des apprenties boulangères dont il se sentira très proche. Retour au décor numéro 1 pour la scène finale : théâtre de marionnettes et baston en salle. C’est l’écrivain qui boit et la 205 qui trinque : confettis de pare-brise, pneus étripés. Fin de partie. Mais pas d’inquiétude : quelque part dans la nue, penchés au balcon, Jean Moulin et Pablo Neruda t’ont à l’œil et te crient : « Solidarité, Chefdeville ! » Et la gerbe portera en souvenir : « Aux animateurs d’ateliers d’écriture bastonnés pour la France ». Le Conseil Général reconnaissant.

17,00 €
Parution : Janvier 2009
252 pages
ISBN : 978-2-8426-3165-9
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Extrait

Allongé sur le canapé, j'essayais de me concentrer sur la pertinence de ma présence dans ce monde aseptisé et hostile, quand j'entendis les pigeons sur le balcon. Je posai mon verre de rhum sur la table basse et me précipitai. J'exécrais ces volatiles, des assistés et des feignants. À part ravager les façades des bâtiments, picorer vos frites au McDo et chier sur la tête des gens, à quoi pouvaient-ils bien servir ces parasites ? Alors, réguliè­rement dans la journée, je prenais le balai et essayais de m'en allumer un. Mais ils étaient malins ces emplumés. Ils se tenaient toujours à distance respectable pour que je ne les atteigne pas, me narguant avant de s'envoler en laissant des kilos de merde sur la corniche. Toujours à déféquer au même endroit ces nuisibles, chaque jour une nouvelle couche, laissant des strates de fientes qui se transformaient avec le temps en gargouilles immondes.
Un nouveau verre de rhum à la main, je repris mon observation initiale, suivant des yeux les rotations des mouches, mon occupation du jour, quand l'une d'elles me piqua. Je détestais ces bestioles, toujours à vous tourner autour, à vous épier avec leurs yeux derrière la tête, à vous piquer les vaches, quand le taon tournait à l'orage. Mais là, pas besoin de balai, je possédais l'arme ultime, imparable, une force de frappe inégalée, la tapette à mouches ! Un rien barbare, mais je m'en tapais. Avez-vous déjà été emmerdé par un bombardier un jour d'été ? Un qui ne vous lâche pas, qui prend votre cul pour l'aéroport Charles-de-Gaulle ? Vous ne pouvez pas rester pacifique, vous ne pouvez pas, c'est inhumain. Vous chopez la tapette à mouches et vous l'explosez le bestiau, vous le massacrez. J'ai toujours considéré la tapette à mouches comme l'une des plus belles trouvailles du monde civilisé, un objet décoratif - la mienne avait le sourire de la Joconde -, ainsi qu'une arme défensive efficace. Elle pouvait même servir pour les moustiques.

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