Tartuffe au bordel

Auteur : Alain Paucard
Editeur : Le Dilettante

Et une fois de plus, comme un seul homme, la Rosalie au canon, l’étendard brandi et donnant du clairon, Alain Paucard lance l’assaut, fonce dans la brèche ! Celui qui défendit, seul contre tous, la mémoire calomniée de Joseph Staline, prit fait et cause pour la série B, déchaîna sa ire contre les vacances, se fit le Bossuet du pur malt, sacrifia au culte d’Audiard et fit de Guitry l’une des très riches heures de la langue et de l’esprit français, ramasse aujourd’hui l’épée de Condé pour relever l’honneur du tapin, défendre en sa vérité la prostitution gauloise, menacée par une législation inique et maladroite. « Touche pas à ma pute » tonne le père Paucard depuis cette chair(e) généreuse où il aime tant à monter pour dénoncer les dérives puritaines, les hypocrisies bien-pensantes et la connerie au pare-chocs de 4x4 qui menace la si poétique péripatéticienne, lieu de mémoire et figure clé du paysage français. Partant de la sage constatation qu’« il y a deux sortes de clients de prostituées : ceux qui vont les voir parce qu’ils n’ont pas de femme et ceux qui vont les voir parce qu’ils en ont une », Dom Paucard fait feu de tout bois, multiplie les exemples historiques, déroule toute une casuistique précise, inspirée de l’histoire récente, visant à démontrer que la prostitution ou art du monnayage érotique participe, non de l’esclavage (même si elle en prend souvent la forme), mais d’un exercice consenti de la liberté, une forme de commerce plus équitable que prévu. Démonstration étayée, et c’est l’un des plaisirs de ce libelle, par une expérience personnelle (n’oublions pas qu’il est l’auteur du Guide Paucard des filles de Paris, 1985) où flamboie cette maxime cinglante et roborative : « LA CHAIR N’EST PAS TRISTE, CERTES, ET VOYEZ DANS MON LIVRE. »

13,00 €
Parution : Novembre 2012
128 pages
ISBN : 978-2-8426-3757-6
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Extrait

Jamais chez nous

«Ça n'arrivera jamais chez nous.» Et pourtant tout arrive. La désormais sacro-sainte Marchandise ne peut laisser un coin de l'Europe sans débarquer ses produits. Jamais, si ma mémoire est bonne, les tags, le hip-hop, le crack, les MacDo, la chasse aux fumeurs ne devaient trouver grâce auprès des Français qui sont gens de goût, de tradition et, pour parler comme aujourd'hui, de culture. Les Français, descendants des fiers Gaulois, ne se laisseraient pas imposer les us et les coutumes de New York. C'est le contraire. Sitôt qu'une incongruité quelconque, liée à quelque marché que ce soit, se présente de l'autre côté de l'Atlantique, elle arrive immanquablement chez nous. On objectera qu'on ne peut mettre sur le même plan le hip-hop et l'interdiction de fumer dans tous les lieux y compris bientôt chez soi. L'interdiction produit des gains tout comme le tabac. Il y a un marché de l'interdiction.

Une des industries marchandes aujourd'hui parmi les plus florissantes, c'est l'industrie des Droits de l'Homme. Elle stimule en premier lieu l'industrie d'armement mais aussi ses produits dérivés : (dés) information, service humanitaire après-vente (ou après-bombardement). Elle a ses représentants de commerce patentés : Otan, Onu, ONG, etc.

C'est au nom des Droits de l'Homme et de la Femme que la Marchandise veut interdire la prostitution et punir le client. Le but de la manoeuvre est tout simplement de vendre autrement, mais dans un monde sans péché.

C'est ce que je vais expliciter...

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