Et nous aurons l'éternité

Auteur : Catherine Fradier
Editeur : Diable Vauvert
En deux mots...

Belle réflexion sur la mort, l’amour et la place du livre, un roman réjouissant d’une grande originalité, entre dystopie et littérature.

18,00 €
Parution : Mai 2021
288 pages
ISBN : 979-1-0307-0443-3
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Présentation de l'éditeur

En 2051, une époque où les populations subissent les dérèglements climatiques, les pénuries et un contrôle social accru, une romancière au crépuscule de sa vie se prépare à quitter son appartement de l'Écusson à Montpellier, un quartier voué à la destruction, pour achever sa vie dans un établissement de retrait.
Déterminée à profiter d'un délai et à choisir sa fin, Norma accepte de donner une série d'interviews à une jeune étudiante en fin de cycle qui s'intéresse à sa vie de « fictionneuse » dans une société où le livre existait encore.
Pour Norma qui achève son dernier roman, toutes les fictions sont bonnes pour prolonger ce récit...
Hommage à la littérature et à l'eau devenue ressource rare, à l'amour et à la nature à jamais disparue, ce portrait d'une femme qui aborde les derniers jours de sa vie est une véritable et excellente surprise.

Extrait

— Tu veux que je te dise, mon Charly, jamais je n’irai dans cette maison de vieux. Jamais. Je mourrai avant. Avec panache. Oui, avec panache, comme Mark Zuckerberg. Quelle classe ce Zuckerberg. Baoum ! Pulvérisé. Ce serait une belle mort, n’est-ce pas ? Oui, je sais, mon Charly, il y a la question des explosifs et ça va être coton pour s’en procurer. Mais j’ai beau y réfléchir, il n’y a pas d’autre solution.
Norma hocha longuement la tête, caressant le noyer clair de l’urne funéraire. Ses doigts pouvaient presque sentir la douceur veloutée des cendres sous le couvercle en bois. C’était l’un de ces moments où elle aurait voulu que les étapes fussent brûlées et que ses cendres fussent déjà mêlées à celles de son mari, sans être passée par tout ce tralala du passage de la vie à trépas. La mort, pourtant prodigue avec les jeunes générations, paraissait l’avoir oubliée malgré ses prières.
Norma considéra les quelques feuillets qu’elle tenait. Fripés à force d’avoir été lus et relus, noircis par les coups de gomme, éreintés par la pointe de graphite. Si au fil du temps l’écriture était devenue tremblée, elle était restée fine, droite et minutieuse. Une application d’écolier qui lui coûtait, mais c’était le prix à payer si elle voulait que le manuscrit fût lu.
Pensive, elle fixait la flamme du lumignon, passant une nouvelle fois en revue les différentes options pour en finir, sans souffrir, et avec Charly. Il n’y en avait qu’une. L’explosion.

Informations sur le livre