Couverture du livre : La Route 117

Avis sur le livre : La Route 117

De tous les genres littéraires, celui du « roman de voyage routier » (road trip novel) demeure l’un des plus typiquement américains. Les Etats-Unis sont si vastes qu’on peut parcourir d’immenses étendues sans rencontrer âme qui vive, et échapper aux polices et aux administrations, en un mot disparaître des radars. [...] « L’indifférence était monnaie courante chez la plupart des clients, et chez moi aussi, même si j’y voyais plutôt une manière de me mêler de mes oignons, chose qui, dans le désert de l’Utah, contribue grandement à votre survie. » Le chauffeur de poids lourd va pourtant faire un écart à sa ligne de conduite après le grave accident qui a laissé John, un prédicateur portant une lourde croix sur le dos en guise d’expiation, agonisant sur le bas-côté. Le matin même, il a dû embarquer à bord de son camion une petite fille abandonnée avec son chien dans une station-service ainsi que le bébé d’une jeune voisine. Au cours de sa tournée, il va mener une enquête à hauts risques sur le chauffard qui a percuté son ami, tout en recherchant le père de la fillette mutique. Route 117, de James Anderson, est la suite hivernale de Desert Home (Belfond, 2017) salué par Colum McCann. Soit un formidable roman noir aux allures de western dans ces contrées où souffle le blizzard et où le crime rôde comme un vent mauvais.

Macha Séry, Le Monde