Le voyage à Wannsee

Heinrich von Kleist (1777-1811) est considéré comme l'un des plus grands écrivains allemands.
Dramaturge (Penthesilea, Le Prince de Hombourg, La cruche cassée), romancier (Michael Kohlhass), nouvelliste (La marquise d'O.), essayiste (Sur le théâtre des marionnettes), il est l'auteur d'une oeuvre écrite en seulement dix années. Elle s'inscrit dans le romantisme allemand, emprunte à l'Aufklärung et au siècle des Lumières, tout en gardant sa particularité et sa voix unique dans la littérature allemande.
Peu compris par ses contemporains (Goethe s'en méfiait car il le trouvait « effrayant »), ruiné, rejeté par sa famille, malade et sans attache, son suicide, avec Henriette Vogel, le 21 novembre 1811, sur les bords du lac Wannsee, près de Berlin, avait défrayé la chronique.
Mêlant fiction et documents authentiques (lettres, rapports d'autopsie, témoignages, extraits de journaux), Patrick Fort, dans Le Voyage à Wannsee, évoque les vingt-cinq dernières heures de Kleist et d'Henriette Vogel, de leur arrivée à l'auberge Stimming à leur mort.
Le narrateur, Ernst Friedrich Peguilhen, est un de leurs amis les plus proches. Les deux infortunés, dans leurs derniers messages, l'ont désigné comme leur exécuteur testamentaire.
Tout au long du roman, parallèlement à l'enquête de police qui se déroule, il cherche à comprendre l'inexplicable. Et il va rapidement saisir qu'il n'est pas de l'intérêt du pouvoir royal de laisser le scandale éclater. Pour autant, rien ne le freinera dans sa volonté de dire la vérité afin que la mémoire d'Henriette Vogel et d'Heinrich von Kleist demeure intacte.
Le voyage à Wannsee plonge au coeur du romantisme allemand. Ce roman est, également et surtout, une réflexion sur l'amour, la mort, l'écriture, la vie et sur le sens et la signification que nous leur accordons.