La société intégrale
Editeur : Climats
Nous partageons malgré nous avec les totalitarismes le rêve utopique d'une sociabilité pure, d'une société intégrale et sans histoire, dans les deux sens du terme. Jamais les sociétés ne se montrèrent moins violentes et plus dociles, et jamais pourtant la tranquillité, et la police qui la garantit, ne furent à ce point désirées. Le totalitarisme s'assignait pour but de produire un corps social intégral, parfaitement soudé, saturé de coutures, c'est-à-dire une société sans sujets, sans conflit ni diversité, immédiatement mobilisable dans son intégralité. Or, c'est à certains égards ce même but que la société de contrôle à laquelle nous consentons quotidiennement est tentée, en vertu de sa structure propre, de poursuivre. De quelle anormalité nous sommes-nous accommodés ? Quelle est la bizarrerie de notre normalité ? Quel sera l'inouï sous lequel les temps futurs, s'il y en a, percevront les temps actuels ?