Montaigne ou la conscience heureuse
« Moi qui n'ai d'autre fin que vivre et me réjouir ». La conscience chrétienne est conscience malheureuse, dit Hegel : elle est séparée de son bonheur. La conscience montanienne (ou « montaignienne ») est conscience heureuse : être heureux est à la portée de main, par la sagesse et le sentiment de l'être. Dès lors que l'on est sans faute et sans repentir, la condition du bonheur est simplement d'aimer la vie et de savoir la goûter à chaque moment, en réflexion et en sagesse - « sagesse » qui n'est que le « oui » de la vie elle-même. La vie est un don qui nous est fait. Il ne reste à l'homme qu'à accepter ce don avec gratitude, et à rendre grâce à « ce grand et tout puissant Donneur », qui, « tout bon, a fait tout bon » - Dieu ou la Nature.