Le camp du bandit mauresque
C’est un môme, il n’a pas cinq ans, mais déjà il fuit la mésentente de ses parents. Son refuge est dehors. Au-delà de la porte cochère, sur les trottoirs de Belleville et de Ménilmontant, dans la rue. Figure festive et contrastée, tragique à l'occasion, le Paris des années cinquante et ses « fortifs », entre reconstruction et guerre d'Algérie, avec ses petits métiers, rémouleurs et forains, chiffonniers et camelots, ses clochards et ses gitans amoureux, abrite le jeune garçon, qui se cherche une place avec plus ou moins de succès.
Dans cet univers bigarré, il fait rapidement l’apprentissage de la seule différence qui ne pardonne pas : être né ailleurs. Le petit Juif de Tunis n’en souffrirait sans doute qu’à peine si ses lointaines origines, qu’il a lui-même oubliées, ne s’interposaient entre son cœur et la blondeur d’une fillette.
Souvenirs, rêves et anecdotes composent dans ce récit d’enfance la mosaïque des premiers abandons et des premières douleurs, celles que la camaraderie enfantine ne guérit pas toujours et que l'école inhumaine accuserait plutôt, celles de la déréliction, peut-être plus lourde à porter que l’exil.