1918. La victoire.

Auteur : Pierre Miquel
Editeur : Tallandier

En 1917, à qui lui demandait de reprendre l'offensive, Pétain répondait : "J'attends les Américains et les chars". Ils arrivèrent, mais juste à temps. La victoire des Alliés en 1918 n'allait pas de soin. En fait, au printemps, c'est le triomphe de l'Allemagne qui semblait probable.L'année 1918 est un tournant majeur de notre siècle. Elle fut d'abord marquée par l'effondrement des Empires qui dominaient l'Europe depuis des siècles. La Russie, dans un premier temps, dont les Bolcheviks ne surent maintenir l'intégrité, et dont la chute au début de 1918 profita à l'Allemagne, maîtresse des ressources de l'Europe orientale et désormais capable de faire basculer à l'ouest les troupes du front est. La Turquie et l'Autriche-Hongrie ensuite, dont l'éclatement mettait fin aux Etats multinationaux, et achevait en Europe centrale et au Proche-Orient la marche des nations vers l'indépendance. L'Allemagne, enfin, dont l'écroulement mit un terme au conflit mondial, plongeant les gouvernements vainqueurs dans les affres de la peur communiste.Les clefs de la victoire de 1918 sont aussi celles du second conflit mondial. Elles sont largement celles de notre siècle.La première clef réside dans une trouble course : course aux effectifs et course aux matériels. Guerre impitoyable des états-majors, où des générations entières de soldats sont sacrifiées par les états-majors. Les effectifs, ce sont avant tout les Américains : les Allemands de Ludendorff doivent l'emporter, grâce aux réserves venues de l'est, avant que leur montée en ligne ne soit devenue significative. Leur échec en juillet 1918 décide de la victoire.Dans la course aux matériels, les Allemands semblent également avoir l'avantage : leur attaque du 21 mars, menée à grands renforts d'artillerie et de troupes spéciales, dans une parfaite synchronisation des armes, est un modèle de guerre industrielle. Là aussi, le temps joue en faveur des Alliés. Ils remportent contre les U-Boote une bataille de l'Atlantique qui annonce la suivante. Ils alignent à la fin de l'année un nombre inégalé de chars et d'avions, dont l'usage combiné permet à l'infanterie de percer, une percée attendue depuis 1914.La deuxième clef réside dans la guerre de coalition. Là encore, les avantages initiaux s'inversent. Les dissensions des Alliés, portées à leur paroxysme à la fin de mars, se résolvent avec la création du commandement unique. Les Allemands, au contraire, voient en octobre leur système d'alliances s'effondrer et se retrouvent totalement isolés.La troisième clef, c'est le courage des hommes. Depuis 1914, ils ont attaqué sur ordre, tenu sur ordre. Malgré leur lassitude, bien qu'ils n'aient plus d'illusions, ils tiennent une dernière fois, pendant les offensives allemandes du printemps, ils attaquent une dernière fois, mais cette fois pour percer et libérer le sol de France et de Belgique. La victoire est le fruit de l'effort de quarante nationalités, liguées pour le triomphe de la liberté et de la démocratie. Côte à côte, les vétérans, les «poilus» éreintés de l'armée française, et les doughboys américains accomplissent un ultime sacrifice pour mettre fin à quatre années de boucherie.Pierre Miquel livre ici le premier récit de l'année 1918. Un récit des grands faits militaires, de la «bataille du Kaiser» (21 mars) aux derniers morts du 11 novembre. Mais aussi l'histoire de l'arrière, celui des ouvriers, des immigrés, des femmes. Le jeu des politiques, confrontés à la lassitude des populations, préoccupés par la gestion difficile des coalitions avant de l'être par le bouleversement qu'entraîne la victoire dans toute l'Europe. Une victoire qui s'est jouée en France, sur le front du Nord, mais aussi sur les mers, en Sibérie, en Ukraine, en Syrie, dans les Balkans et en Italie.

20,28 €
Parution : Octobre 1998
399 pages
ISBN : 978-2-2350-2192-0