Miniatures historiques
Le Suédois August Strindberg (1849 - 1912) souffre, chez nous, de n'être surtout connu que par son extraordinaire oeuvre dramatique. Mademoiselle Julie ou Le Songe sont dans toutes les mémoires. Pourtant, on ne sait pas assez que ce prodigieux écrivain s'illustra dans à peu près toutes les formes connues d'expression littéraire, et toujours avec un égal succès. Vers la fin de sa vie, il se piquait particulièrement d'Histoire et entendait même rédiger une Histoire du Monde qu'il n'a pas eu le temps de mener à bien. Il a pourtant esquissé ce projet sous forme de nouvelles (1905) qui viennent d'être éditées scientifiquement dans son propre pays et dont on propose ici une traduction complète, inédite en français s'il faut le dire. Dans une vingtaine de ces nouvelles, qu'il appelle miniatures historiques, il retrace, avec la verve qu'on lui connaît, un sens étonnant de la reconstitution véridique et de la mise en scène qui fut toujours son fort, des épisodes de la vie de "ses" grands hommes. De Moïse à la Révolution française, en passant par Socrate, Attila, Grégoire le Grand, Henri VIII d'Angleterre, Louis XI, Voltaire, entre autres, il nous fait revivre des époques disparues, de grands événements qui ont affecté le cours des choses, des personnages hauts en couleur qu'il saisit dans le détail de leurs errements avec un sens surprenant de la vérité et de la couleur locale. Il était convaincu également que notre condition n'est régie ni par le hasard ni par l'absurde : il s'attache à suggérer qu'un sens profond mène nos destinées et qu'une vérité sonde, à notre insu, les reins et les coeurs.