Imposture

Le roman s'ouvre dans un environnement gris, peuplé de personnages dépressifs. Le Docteur Vigil, Directeur de l'Hôpital psychiatrique et Barnaola, comptable dans la même institution, mènent une vie ennuyeuse et n'attendent rien de l'avenir. Lorsque Barnaola a l'idée de publier dans La Vanguardia la photo du patient 2007, un malade mental qui n'a pas d'identité, la vie des trois protagonistes change radicalement. Ce dernier est bientôt tout à la fois réclamé par une républicaine et identifié par une famille de phalangistes. Qui est vraiment ce patient ? Le célèbre intellectuel phalangiste Ramón Bruch ou Claudio Nart, un délinquant bien connu de la pègre barcelonaise ? Un bref récit qui pose le problème de l'identité d'un homme reclus dans un hôpital psychiatrique à Barcelone. En arrière-plan, Vila Matas fait revivre les conflits de la Guerre civile espagnole (1936-1939) et dépeint avec ironie la société des années 50 sous la dictature franquiste.Traduit de l'espagnol par Eric Beaumatin« Guerre, cimetières, prison, asile, tramways brinquebalants, bars glauques où l'on se saoule d'Anis del Mono, veuves perverses, infirmiers verreux, l'argent partout : l'imposteur fleurit dans un paysage de cauchemar, mais de cauchemar drôle. La réalité n'est que dans les mots. On est, avec Enrique Vila-Matas, dès ce roman, qui est un de ses premiers, dans un univers de fiction totale, de références, de convention. La mémoire ne joue plus, d'autant moins que le héros est amnésique - mais l'est-il vraiment, cet imposteur ? Les repères tombent, l'histoire flotte entre le désir d'y croire et le plaisir du jeu. On est mené, et rondement, par la mécanique littéraire. On apprend rien, ou plutôt si, ce que c'est que de conduire un récit. » (Denise Laroutis)