L'Europe des Esprits ou la fascination de l'occulte. 1750-1950

Auteur(s) : Joelle Pijaudier-cabot, Serge Fauchereau
Editeur : Musées Strasbourg

L’Europe des Esprits ou la fascination de l’occulte, 1750-1950 ", est une exposition pluridisciplinaire qui explore l’emprise de l’occulte chez les artistes, penseurs et savants, dans toute l’Europe, au fil des époques décisives de l’histoire de la modernité. L’exposition est organisée en trois volets qui traitent respectivement :
- de la création artistique (peinture, dessin, sculpture, gravure et photographie) et littéraire abordée à travers le prisme de l’irrationnel et de l’obscur, - de la tradition ésotérique revisitée dans une vaste perspective chronologique qui embrasse ses textes fondateurs et son iconographie imprimée, - des relations entre phénomènes occultes et science, à travers l’évocation de figures de savants et d’expériences et la présentation d’instruments scientifiques.

L’Europe des Esprits, arts et littérature " Il y a quelque chose qui vient de tellement plus loin que l’homme et qui va tellement plus loin aussi ", écrivait André Breton. La fascination pour l’irrationnel et l’obscur, qui semble aussi vieille que l’humanité, s’est particulièrement exprimée dans l’art. C’est cependant au moment où la science des Lumières a prétendu éclairer le monde de façon rationnelle que sont apparues avec les premiers romantiques des réactions spiritualistes. Les curieux confondent alors volontiers ce que l’on ne comprend pas avec ce à quoi on veut croire, fantômes, fées ou démons. William Blake était visité par des esprits et Goethe cherchait à percer les mystères de la matière vivante et des couleurs. Avec Novalis qui parle d’art magique, l’artiste se perçoit comme voyant ou médium.

Quand apparaît au milieu du XIXe siècle le phénomène spirite, Victor Hugo sera le premier à interroger les esprits par l’intermédiaire de tables tournantes. Le spiritisme n’allait pas tarder à se répandre dans tous les milieux et à trouver un théoricien en Allan Kardec et son Livre des esprits (1857). C’est à nouveau une grande époque pour les fées, les démons, les vampires, les esprits, les possessions, les communications avec les morts, tout cela source d’une inépuisable imagerie. Symbolistes et Nabis se passionnent pour l’occulte, entraînés par l’écrivain mystique strasbourgeois Édouard Schuré. La littérature, l’architecture, la danse, la musique, de Mozart à Wagner et de Satie à Varèse, la photographie, le jeune cinéma de Méliès à Fritz Lang, sont traversés des mêmes forces. Au tournant du siècle, la médiumnité et les phénomènes parapsychologiques se discutent âprement. Certains sont des spirites convaincus, comme Conan Doyle ou Hilma af Klint. La théosophie préoccupe un temps le peintre tchèque František Kupka et plus durablement Piet Mondrian ou Theo van Doesburg. En Allemagne, le groupe du Blaue Reiter en appelle aussi à la théosophie, comme Kandinsky ou Arp. Plus près de nous, les surréalistes voudront, eux aussi, " prendre les ordres du merveilleux ". Ce sera le cas d’André Breton et d’artistes comme André Masson, Victor Brauner, Kurt Seligmann...

Histoire et iconographie de l’occulte : un monde d’écrits et d’images Cette traversée de deux siècles d’histoire de l’art est introduite par un panorama historique et iconographique sur la tradition ésotérique, esquissé à travers le fonds de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg et celui du Cabinet des Estampes et des Dessins. Les collections de papyrus, de manuscrits, d’incunables, de livres rares et précieux et d’alsatiques, ainsi que celles dévolues aux sciences religieuses et à la littérature, mais aussi un riche ensemble de gravures, de Baldung-Grien à Piranèse, racontent par le texte et l’image la permanence de l’attrait des grands esprits pour les forces occultes.

Quand la science mesurait les esprits Afin de resituer le propos artistique dans un contexte plus large de l’histoire des idées, le catalogue propose également un panorama scientifique du rapport entre sciences et esprits. Des tables tournantes de Chevreul à la métapsychique de Charles Richet, le XIXe siècle est traversé par l’intérêt des scientifiques pour les phénomènes occultes ou spirites. Au tournant de 1900, cet intérêt contribue à la conception d’un certain nombre d’instruments afin de prouver ou non la rationalité des lévitations d’objets, de la matérialisation de fantômes, etc. Le catalogue propose de dérouler le fil des rencontres fructueuses ou contrariées entre scientifiques et médiums, en abordant des figures telles que William Crookes, Pierre et Marie Curie, Camille Flammarion ou Jean-Martin Charcot, en présentant divers instruments scientifiques plus ou moins incongrus, mais aussi en proposant une large sélection de photographies spirites, à mi-chemin entre documents et oeuvres d’art.

Parmi les 160 artistes représentés : Caspar David Friedrich, Francisco Goya, Henry Fuseli, Eugène Delacroix, Gustave Doré, Victor Hugo, Edvard Munch, Odilon Redon, M. K. Ciurlionis, František Kupka, Wassily Kandinsky, Kazimir Malevitch, Piet Mondrian, Jean Hans Arp, Paul Klee, Max Ernst, André Masson, Roberto Matta, Wifredo Lam, ou encore des figures de l’art brut, Fleury-Joseph Crépin, Augustin Lesage et Hélène Smith...

48,00 €
Parution : Octobre 2011
424 pages
ISBN : 978-2-3512-5092-1
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