La gauche à l'épreuve de l'union Européenne

Auteur(s) : Aurélien Bernier, Morvan Burel, Clément Caudron, Christophe Ventura, Frédéric Viale
Editeur : Editions du Croquant

Dans l'espace politique français, l'Union européenne est partout. Elle planifie la libéralisation des services publics comme la SNCF.
Elle organise le libre échange qui pousse aux délocalisations et interdit de taxer significativement les détenteurs de capitaux. Elle impose l'austérité budgétaire et monétaire tout en laissant libre cours à la concurrence fiscale. Elle soumet l'Europe à l'emprise atlantiste à l'insignifiance géopolitique. Mais dans le débat politique, l'Union européenne est reléguée au second plan, quand elle n'est pas tout simplement effacée. Certes, les candidats à l'élection présidentielle de 2017 ont parlé d'Europe, mais de façon sou- vent caricaturale et non aboutie. Pour la gauche, la question européenne est pourtant essentielle, existentielle même : comment renforcer la démocratie face aux marchés, mettre en oeuvre une politique de justice sociale, écologique, dans un cadre juridique et institutionnel européen où les traités, directives, et règlements imposent l'ultralibéralisme ?
La question hante la gauche partout en Europe. Certains défendent la réécriture à plusieurs du droit communautaire, le chan- gement « de l'intérieur » : c'est la traditionnelle arlésienne de « l'Europe sociale » et du dépassement du « déficit démocratique » de l'Union européenne. Ils semblent croire que les États les plus puissants (l'Allemagne et la France au premier chef) pourraient accepter, dans le contexte actuel, un virage à cent-quatre-vingts degrés.
C'est faire preuve d'une naïveté coupable. Aucun changement substantiel ne pourra advenir dans le cadre du système européen que nous connaissons, de ses traités, directives, règlements et institutions.
D'autres, à l'inverse, défendent la sortie de l'Union européenne et la présentent parfois à elle seule comme la solution à tous nos maux. Il ne faut pourtant pas faire de la seule rupture institutionnelle un totem. Cette rupture effectuée, il resterait encore à s'émanciper du pouvoir des grandes multinationales de l'industrie et de la finance organisées à l'échelle continentale et interna- tionale. Et sortir pour quel projet ? Quelle Europe pourrait succéder à l'Union européenne ? La sortie à la manière du Royaume- Uni montre que cette seule démarche n'est en aucune façon garante d'un changement d'ordre économique et social.
Ce livre, dont l'orientation eurocritique est pleinement assumée, entend parler sérieusement de l'Union européenne, ce que les partis politiques ne font pas. Il analyse cette construction européenne sous un nouveau jour : celui d'un ordre juridique qui impose l'ultralibéralisme aux États membres et qui, aujourd'hui, ne laisse quasiment plus la moindre marge de manoeuvre à la France. Il montre les nombreux points de blocage et pointe une évidence : le cadre juridique, économique, institutionnel de l'Union européenne est bâti pour faire du libéralisme un ordre économique, social et politique perpétuel sur le Vieux Continent.
Pour la gauche, le statu-quo est pourtant impossible. Cet ouvrage examine, dans cette perspective de gauche, les différentes stra- tégies envisageables (sortie, réforme, rupture partielle, crise permanente) sans en défendre une en particulier, mais en décrivant pour chacune les conditions nécessaires et les difficultés (ou les impossibilités).
Ce travail exigeant, qui évite de tomber dans les schémas simplificateurs et les slogans, n'a jamais été réalisé. A l'heure du Brexit, d'une crise politique européenne qui n'en finit pas, et à l'approche des élections européennes de 2019, il est tout à fait nécessaire.

10,00 €
Parution : Février 2019
Format: Poche
180 pages
ISBN : 978-2-3651-2190-3
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