Nuits incandescentes

Une centaine de lettres, trouvées au fond d'une cave, écrites par un jeune marin à sa fiancée, au milieu des années 1930, ont fourni le cadre géographique et historique, la trame romanesque ainsi que la matière première de ce roman d'amour.
Véritable voyage au coeur de l'intime, la mise en abîme de la lecture et de l'écriture dans le roman lui donne sa dimention universelle.
Sophie Colliex emmène le lecteur dans une autre époque, un monde méditerranéen, sensuel.
Son écriture coule, subtile, aussi légère et entraînante que les chansons des années 1930, moment de pur délice pour le lecteur, jusqu'à la chute vertigineuse. Irrémédiable.

Emmanuel a quitté sa famille à l'âge des amours naissantes et s'est engagé pour cinq ans dans la Marine sans se douter qu'il souffrirait autant du mal de mer.
Formé à l'école des radiotélégraphistes de Toulon, puis basé à terre dans le port militaire de Bizerte, il ne sait pas encore que d'interminables nuits devant sa TSF l'attendent. Pour échapper au quotidien de la caserne et aux tracasseries des chefs, et en dehors des moments de franche camaraderie avec ses pairs, il règle son poste sur les stations des bateaux américains croisant dans le détroit de Sicile au son du jazz ou celles de Buenos Aires qui diffusent des tangos. Il lit beaucoup, et sur son phonographe, les disques des années 30 chantent la passion qui l'habite depuis sa dernière permission, où il s'est enflammé pour la fille d'un fermier. Pour combler le vide de l'absence, dans la solitude du Central Radio, sous les étoiles, éclairé par les lampes des postes, il écrit. Entre deux appels radio, il pose ses écouteurs, imagine l'avenir et sa plume prend feu.
À la fin de son service, l'âme soeur sera-t- elle au rendez-vous ? S'envolent les rêves.
Et l'écriture demeure : arme miraculeuse, ultime refuge.