Ceux du Lutetia: Des mots pour dire la Shoah
Durant plusieurs années, cinq rescapés de la Shoah se sont rencontrés une fois par mois à l'hôtel Lutetia, à Paris, où ils avaient été accueillis à leur retour des camps en 1945.
Autour de la table, deux femmes - Ginette Kolinka et Marceline Loridan-Ivens - et trois hommes - Armand Bulwa, Benjamin Sadia et Shelomo Selinger - échangent librement sur leur passé commun et sur leur conception de la vie.
Au fil de leurs discussions, ils dressent et réagissent à une liste de mots : amour, audace, beauté, camp, courage, dieu, justice, mémoire, oubli, pardon, pitié, remords, urgence... Leurs réponses sont brutes, sans concession, souvent drôles. Tous partagent cette déclaration de Shelomo : « Ce n'est pas une mémoire pour le passé, c'est une mémoire pour l'avenir, et c'est urgent ».
Recueillis par l'ethnologue Jean-Patrick Razon - lui-même hanté par la mort de son oncle juif et résistant, assassiné à Auschwitz en 1943 -, les propos de cet abécédaire constituent un témoignage unique et illustrent la force d'âme de celles et ceux qui sont revenus de l'enfer.
