La Mer
Editeur : Éditions Midori
En 1861, Jules Michelet, tour à tour naturaliste passionné, historien, poète et philosophe, nous entraîne dans les profondeurs de l’Océan. À l’aube de la diffusion des thèses darwiniennes, l’auteur de l’Histoire de France explore les mystères de cet univers liquide, qu’il conçoit comme la matrice originelle de toute existence. En distinguant ses aortes, ses artères, son cœur, c’est l’anatomie entière de la Mer-Mère qu’il déploie. Celle d’un « grand animal » animé non par une lutte aveugle, mais par un « effort » vital, une « aspiration » constante et un « amour » primordial qui poussent les formes de vie vers la complexité et la conscience.
Transférant les outils et les métaphores de l’historien, Michelet peuple les fonds marins de « nations », de « travailleurs », infimes et silencieux bâtisseurs de mondes, opposant leur force collective et patiente à la tyrannie solitaire du requin. Il cherche ainsi dans la temporalité longue une alternative aux convulsions de l’histoire humaine, trouvant dans la solidarité des organismes marins une source d’espoir pour repenser le Peuple et le Progrès.
Michelet s’interroge déjà sur l’équilibre des écosystèmes en dénonçant l’exploitation destructrice des ressources marines et les ravages humains de l’expansion européenne : « de l’instrument sacré, l’homme n’a su que casser les touches ». Pour préserver cette altérité radicale et en garantir l’accès aux générations d’enfants à venir, il revendique un « Droit de la mer ».
