Le mystère de la charité de Jeanne d'Arc

Editeur : La délégation des siècles

Il s’y déploie et s’y révèle tel qu’il est en train de devenir depuis quelques années qu’il a repris le chemin qui mène aux ordres anciens et verticaux, après un passage par les mauvaises modes de son époque (socialisme, athéisme, etc.) Dans ce grand récit poétique et inspiré qu’il situe à Domremy en 1425, il fait parler Jeannette, fille de Jacques d’Arc, lorsqu’elle n’a que 13 ans et demi et qu’elle est traversée par de profondes méditations spirituelles et mystiques. Ses dialogues avec sa jeune amie Hauviette, autre villageoise de Domremy, puis sa grande discussion houleuse et enflammée avec Madame Gervaise donne au lecteur une puissante matière pour ses propres réflexions, en plus de l’embarquer dans un flot poétique et grandiose comme Péguy avait l’art et la manière de le mener.

Charles Péguy, né à Orléans jadis libérée par la future sainte, sera toute sa vie dans l’admiration de Jeanne d’Arc. Déjà en 1897, il avait publié un imposant volume théâtral passé inaperçu dans lequel il faisait de Jeanne son héroïne. La version de 1910, beaucoup plus profonde et sublime, est débarrassée de l’influence politique socialiste de ses jeunes années. Cette fois, il questionne les grands mystères de la foi, la charité, les saints, Jésus, la miséricorde, les apôtres, les tourments métaphysiques et les grandes réflexions surnaturelles.

« Il faut bien comprendre cela : le Mystère, je l'ai écrit avec le catéchisme de la paroisse où j'ai passé mon enfance ; le catéchisme de la vieille paroisse d'Orléans où j'ai vécu avec beaucoup de petits pauvres et quelques petits riches : le catéchisme de la vieille paroisse de Saint-Aignan d'Orléans. » (Propos tirés d’un entretien entre Charles Péguy et Georges Valois, paru dans l’Action française le 19 juin 1910).