En contrebas
Un voyageur ordinaire, approchant la quarantaine, s'apprête à prendre un billet de train en gare, quand un homme assis au pied d'une borne de billetterie automatique l'interpelle : " Eh ! toi, tu vas pas me laisser crever comme ça ? " Le laissant d'abord indifférent, cette phrase se met à résonner en lui comme un écho terrible ; un écho sur sa propre enfance, ses choix de vie, son regard. Il reste alors quelques dizaines de minutes aux côtés de cet homme assis ; quelques dizaines de minutes dans ce lieu transitoire ; quelques dizaines de minutes d'un voyage intérieur et immobile, pour toutes les fois où il n'a pas pris le temps de se poser les questions essentielles sur lui, l'autre et la société d'aujourd'hui et de demain. Car cette question posée par " l'autre à terre " pourrait être aussi de celles que les générations à venir nous souffleront, demandant comment nous en sommes arrivés à industrialiser et à consommer jusqu'à nos propres vies. Que penser quand toutes les idéologies sont défaites ? Et surtout : que reste-t-il d'humanité dans un monde absorbé par la technologie, le pouvoir omnipotent des images, le fétichisme de l'argent et tous les " quarts d'heure de gloire " ? Telles sont les interrogations que l'auteur donne à voir, et à entendre, dans cette fiction littéraire exigeante, qui redonne leur sens premier aux très beaux mots de sympathie et compassion.