Julien Gracq, la forme d'une vie
L’auteur du Rivage des Syrtes ou des Eaux étroites n’a jamais cherché ailleurs que dans son art la reconnaissance ou la légitimité. Son pamphlet La littérature à l’estomac et son refus du prix Goncourt en 1951 en attestent. Après une riche période créative, du romantisme douloureux d’Au château d’Argol et d’Un beau ténébreux à la quête du Graal du Roi-pêcheur jusqu’à la réconciliation avec le monde d’Un balcon en forêt, qui clôt sa période romanesque, Julien Gracq s’engage sur une autre voie. Celle confondante d’intelligence sereine des essais et des mémoires littéraires tels que la Forme d’une ville, En lisant, en écrivant ou Carnets des grands chemins…
Pour aborder et déchiffrer cette œuvre exigeante et complexe, il fallait un familier des mêmes labyrinthes : un écrivain. Romancier mais aussi essayiste, Hubert Haddad allie ici l’esprit de méthode à l’instinct du chasseur de sens. Il offre un essai pénétrant et personnel sur les rapports de Gracq avec Breton et le surréalisme, mais aussi le roman, l’essai, la ville de Nantes, tous les points forts d’une œuvre où est montré « quelle folie est en jeu au sein de la littérature la plus maîtrisée, sur quel abîme l’art coule ses fondations ».