Un sacré bout de chemin
Editeur : André Dimanche
"Ce fut un soulagement que d'aller vivre à Marseille parmi des gens à la peau noire ou brune, qui venaient des Etats-Unis, des Antilles, d'Afrique du Nord et d'Afrique occidentale, et se trouvaient tous rassemblés pour former un groupe chaleureux. Des traits et un teint négroïdes n'étaient pas exotiques, suscitant curiosité ou hostilité, mais spécifiques à un groupe et naturels. L'odeur des corps noirs ayant transpiré durant une dure journée de labeur, tout comme l'odeur des chevaux à l'écurie, n'était pas désagréable, même dans un café bondé. C'était bon de sentir la force et la différence d'un groupe social, et d'avoir la certitude d'en faire partie. [...]
Le Vieux-Port était toujours très animé : bagarres entre hommes ou disputes entre prostituées, marins dévalisés, coups de feu tirés par des particuliers ou par la police. Un Sénégalais possédait un grand café sur le quai et tous les Noirs s'y retrouvaient avec leurs copains et leurs filles."