La Bête des diagonales
Editeur : André Dimanche
.La Plata, nouvelle ville promise à un destin grandiose sur les bords du fleuve, devient entre 1882 et 1896 un des joyaux de l'Argentine avec son architecture moderne, ses parcs et ses diagonales qui interrompent le tracé rectiligne des avenues. Elle attire des foules de promeneurs et de fonctionnaires venus de Buenos Aires y habiter. Pourtant, une série de faits troublants, ainsi qu'un meurtrier aux habitudes étranges, semblent la gangrener et compromettre son avenir. Dans un climat de suspicion et de haine, un flic et un politique se livrent à une étrange enquête. La presse, les syndicats, tout le monde s'en mêle. Au-delà du roman policier, d'une enquête sur les traces d'un serial killer, Néstor Ponce évoque l'Argentine de la fin du XIXe siècle en pleine expansion, riche de ses pionniers, ses indigènes et ses immigrants venus de la vieille Europe. Cependant, si l'écriture de Néstor Ponce, sobre et élégante, l'intelligence de l'analyse, la couleur locale et le suspense pourraient suffire à en faire un livre passionnant, son plus grand mérite est de s'ancrer dans la tradition du roman policier argentin. Dans la ligne de Sarmiento pour qui la politique constitue le rêve délirant de la civilisation, de Macedonio Fernández et sa théorie de l'État, de Roberto Arlt qui voit dans le crime l'essence du pouvoir, à la suite de La Fête du Monstre de Bioy Casares et Borges, de celle de Ricardo Piglia pour qui «la littérature travaille le politique, cette grande machine paranoïaque et fictionnelle», La Bête des diagonales jette un nouveau voile de suspicion sur la nature du pouvoir.