Parti socialiste ou CGT

Auteur : Jean-Pierre Hirou
Editeur : Acratie

Le parti socialiste de Jospin, Aubry, Strauss-Kahn, Delors, Rocard, Mauroy, Lang, Fabius, Emmanuelli, Cambadélis, Weber ou Dray, a-t-il encore quelque chose à voir avec le Parti socialiste (Section française de l'Internationale ouvrière) des Jaurès, Guesde, Lafargue, Vaillant, Hervé ou Lagardelle qui fut fondé à Paris, boulevard de Strasbourg, salle du Globe, du 23 au 25 avril 1905 ?. Il y a plus de 80 ans, Jean Jaurès était assassiné par un nationaliste fanatique. La première guerre mondiale commençait. Au lieu de s'unir contre le capitalisme, les prolétaires européens accompagnés de ceux des colonies partirent pour cinq longues et sanglantes années de massacres fratricides.Guesde, Sembat et Thomas devinrent ministres d'union sacrée.Pourtant, l'unité des socialistes français enfin réalisée en 1905 (après de bien longues années de rivalités sectaires remontant aux divisions qui suivirent la répression de la Commune de Paris en 1871) avait suscité bien des espoirs pour changer la vie et transformer le monde.La Confédération générale du travail des Viannet, Thibault, Krauscki ou Séguy - et la CGT - FO de Blondel (et aussi de Boussel, Hébert et Arlette Laguiller) - ont-elles encore quelque chose à voir avec la CGT syndicaliste révolutionnaire des Griffuelhes, Pouget, Jouhaux, Dumoulin, Merrheim, Yvetot, Monatte, Rosmer, Péricat ou Broutchoux ? Face au PS (SFIO) beaucoup trop parlementariste à leurs yeux, ils se voulaient être fièrement le seul véritable «Parti du travail» et disaient ne faire confiance qu'aux travailleurs eux-mêmes pour réaliser l'émancipation de tous les travailleurs et ainsi celle de l'humanité entière.Griffuelhes et Pouget furent les principaux organisateurs des 150.000 grévistes du 1er mai 1906, première grève de masse en France. Ils rédigèrent la résolution d'Amiens (1906) qui proposait à la classe ouvrière l'objectif de «la disparition du salariat et du patronat» par la grève générale. Elle annonçait que «le syndicat, aujourd'hui groupement de résistance, sera dans l'avenir le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale». Soucieuse d'agir «directement contre le patronat», la CGT décida de ne pas se préoccuper «des partis et des sectes» (c'est-à-dire en priorité du PS et des groupes anarchistes ou des «insurrectionnels» de Gustave Hervé). Mais les syndicalistes révolutionnaires durent affronter la répression de Clemenceau et subirent les manoeuvres pernicieuses de Briand...Griffuelhes remis en cause par des rivaux au sein de sa propre majorité syndicaliste révolutionnaire préféra céder son poste de secrétaire à Niel puis à Jouhaux. Ce fut donc Léon Jouhaux, qui, peu à peu, laissa glisser la CGT vers la réformiste prudent et le suivisme peu glorieux vis-à-vis du PS (SFIO) d'un Jaurès qui sut amadouer, désarmer et domestiquer les combatifs syndicalistes révolutionnaires.En 1914, les dirigeants de la CGT capitulèrent devant l'union sacrée et Jouhaux accepta un poste de commissaire à la Nation...La deuxième International fit entièrement faillite avec ses Partis sociaux-démocrates allemand, autrichien, français, britannique, belge, etc. Les syndicats sociaux-démocrates et les trade-unions britanniques firent de même. et la CGT syndicaliste révolutionnaire également.Mais comment les militants de cette époque en arrivèrent-ils là ? Aux questions des historiens s'ajoutent celles des militants d'aujourd'hui.Socialisme ou barbarie ? L'alternative est toujours devant nous. Pour agir efficacement à nouveau, il nous est indispensable de nous donner la peine d'analyser et de chercher à comprendre...

Parution : Juin 1995
317 pages
ISBN : 978-2-9098-9902-2
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