Descelle mes lèvres

Auteur : Hanoch Gourarier

Editeur : Le Préau des Collines

Il est des récits que l’on ne sait commenter. à les lire, le souffle nous manque. saisis, nous ne pouvons les comprendre, ni soumettre notre esprit à la négation de l’humain. Hanock Gourarier ne peut oublier cette douleur sans remède, mais formidable conteur, il dépasse l’insupportable, il écrit, il décrit son enfance à Berlin, la découverte de la sauvagerie, de la négation de son droit à exister, la fuite de sa famille vers la Pologne et la chute dans monde sans nom des camps.

Par une nuit glaciale ? l’hiver 1928-29 fût, me dit-on, particulièrement froid ? vint au monde un garçon à l’hôpital juif de la ville. Moi. Premier enfant du couple Wolf et Pepa Leibowicz, je reçus, comme il se doit, deux prénoms, l’un germanique, Heinz, et l’autre hébraïque, Hanoch. Aujourd’hui, mon prénom civil est Henri, et mon nom Gourarier, ce qui fait très « français de souche » et qui n’est que la traduction de Leibowicz. Mes parents tenaient un modeste magasin de confection pour hommes dans une rue située à la limite du quartier juif (Scheunenviertel) et d’un des quartiers ouvriers de la ville. Trois autres magasins juifs de confection, dans la même rue, nous faisaient concurrence mais les enfants de leurs propriétaires étaient nos compagnons de jeux. Mes deux parents étaient de nationalité polonaise. En raison du dépeçage de la Pologne par la Russie tsariste, la Prusse et l’empire austro-hongrois, mes parents ont eu des jeunesses et des éducations très différentes. Mon père était né à Lodz, ville occupée par le tsar. Il ne parlait même pas le polonais. Sa famille vivant dans la misère, il fut contraint par la faim de s’expatrier à quinze ans à Berlin où il apprit le métier d’ajusteur chez Siemens-Halske.

15,00 €
Parution : Décembre 2006
ISBN : 978-2-9149-4578-3