L'Escalier du Diable
Editeur : Le Navire en pleine ville
A Redford, petite ville tranquille, des enfants disparaissent et personne ne semble s’en inquiéter plus que ça. Bryan a perdu son frère, mais il sait ce que les autres refusent de voir : Adam et lui ont trouvé l’Escalier du Diable, Adam en a monté les treize marches de la comptine : un dans le feu, deux dans le sang, trois dans la tempête… Et l’Homme Noir est venu le prendre… Depuis cette disparition, cinq ans plus tôt, ses parents n’ont plus goût à vivre et lui traîne à la fois la culpabilité d’avoir survécu, et le poids d’une histoire à laquelle personne ne veut croire. Mais un jour, il rencontre deux garçons qui ont vu l’Homme Noir et qui veulent, avec lui, percer le mystère. Ils ont rompu la loi du silence, et sont désormais pourchassés… Ils comprennent cependant que cet Homme Noir est la source de tous leurs cauchemars et que, de proies, il leur faut devenir chasseurs pour découvrir où est née cette horreur et enfin l’affronter en face, sur L’Escalier du Diable.
L’Escalier du Diable est une histoire à faire peur…Et il est difficile, en effet, de ne pas trembler pour nos jeunes héros, confrontés aux pires cauchemars de l’enfance, qui tout à coup prennent vie et se révèlent terribles et dangereusement mortels. L’auteur a, sans aucun doute, un talent redoutable pour mettre en scène les monstrueuses créatures qui peuplent l’imaginaire des hommes, pour rendre les décors aussi terrifiants et menaçants qu’une armée de zombies, et pour donner aux scènes d’action une puissance qui laisse le lecteur toujours haletant. Mais, au-delà des scènes d’actions, la force de ce roman se trouve d’abord dans le jeu des contrastes : la ville de Redford est si paisible en apparence, une de ces villes de banlieue où rien ne semble jamais devoir arriver…Bryan est un adolescent qui vit depuis cinq ans, depuis qu’il a vu l’Homme Noir emporter son frère, dans un monde où le déni et le silence pèsent sur ses épaules comme un chape de plomb, restreignant son univers à une simple survie peuplée de tragiques souvenirs. La disparition, la mort de tant d’enfants que l’on refuse de voir et d’admettre, et c’est la vie même qui ne trouve plus sa place dans ce décor de ville fantôme. Brian, ses parents qui ne peuvent accepter la mort du fils aîné, Jake, perdu dans ses livres, tous évoluent comme des zombies dans un décor de carton pâte. Il faudra l’arrivée de Smokey, venu d’une autre ville avec un regard neuf, pour secouer l’apathie générale et trouver la force de combattre le mal. Et comprendre qu’au final, tout se résume encore à cette simple évidence : accepter la réalité de la mort pour pouvoir, enfin, vivre.
Si l’on dévore l’Escalier du Diable pour les frissons d’une action bien menée, lorsqu’on referme le livre, c’est sa conclusion pleine d’humanité qui vous hante encore des jours entiers.