Couverture du livre : La Neuvième Heure

Avis sur le livre : La Neuvième Heure

Il n’est guère courant, aux Etats-Unis, que les protagonistes d’un roman contemporain soient des bonnes sœurs catholiques. Surtout au temps où, en Amérique comme ailleurs, la révolte gronde contre l’Eglise et ses dérives – Alice McDermott fait d’ailleurs partie d’un collectif de croyantes qui a porté des propositions de réformes, le 12 novembre, devant l’assemblée plénière des évêques américains réunis à Baltimore. Pour autant, son roman n’est en rien prosélyte. Il montre, derrière les cornettes et les stéréotypes, la personnalité souvent très riche de ces femmes, leur courage, leur contrôle d’elles-mêmes et leur détermination au moment d’accomplir, au chevet de leurs semblables, les tâches les plus rudes – celles auxquelles il faut bien faire face quand « Dieu se cache la tête dans les mains ». Mais il ne voile rien non plus de l’hypocrisie et des silences étouffants autour du suicide de Jim. Sally – qui souffre de dépression chronique – ne saura jamais la vérité sur son père. Si bien que l’on sort du roman avec un sentiment mitigé, comme d’un stabat mater à la fois tonique et mélancolique, où rien n’est vraiment réglé après trois générations.