Que le meilleur gagne
Sonja Nordstrøm a disparu ! Après une brillante carrière, l'athlète de haut niveau vient de signer une autobiographie sulfureuse et, en ce premier matin de promotion, elle ne s'est pas présentée à ses rendez-vous avec les médias. Bientôt plusieurs autres célébrités meurent dans des circonstances spectaculaires. Tandis que l'inspecteur en chef Blix et la jeune blogueuse people Emma Ramm, opérant discrètement en tandem, voient se profiler un schéma ourdi par un tueur manipulateur et en manque de reconnaissance publique, la Norvège retient son souffle.
Extrait
Dimanche 9 mai 1999
La radio crépita dans la voiture de police.
— 0-1 appelle toutes les unités disponibles pour Agmund Bolts vei à Teisen.
Alexander Blix regarda Gard Fosse.
— C'est tout près, dit-il.
Blix enfonça la pédale d'accélérateur tandis que Fosse attrapait le micro sur le tableau de bord.
— 0-1, ici Fox 2-1, annonça ce dernier. Nous sommes à Tventenveien, à une minute.
Blix activa le gyrophare bleu et la sirène, alors que d'autres crépitements envahissaient l'habitacle.
— Fox 2-1, ici 0-1. Coups de feu possibles. Des actes de violence domestique ont déjà été signalés à cette adresse.
Violence domestique, songea Blix. On l'avait plusieurs fois appelé pour ce genre d'incidents, mais jusqu'ici, sans coups de feu.
Il bifurqua dans Agmund Bolts vei après le cimetière Østre Gravlund, accéléra de nouveau et passa à vive allure devant plusieurs immeubles avec balcons donnant sur la rue. Des voitures étaient garées de part et d'autre de la chaussée et des bouleaux plantés à intervalles réguliers.
Ils étaient entraînés pour ce genre de situations. Et c'est ce qu'ils attendaient avec impatience, arriver les premiers sur une vraie scène de crime. Pendant un an, ils avaient été des bleus, assis à l'arrière de la voiture de patrouille, et maintenant, ils étaient aux commandes. Les mains de Blix serraient fort le volant.
— C'est sûrement ici, dit Fosse en désignant un petit groupe de badauds.
Blix freina brutalement et arrêta la voiture en travers de la chaussée. Il coupa le moteur et la sirène, mais pas le gyrophare.
— Ça venait de là, cria une femme aux deux flics quand ils bondirent hors de la voiture.
Du doigt, elle indiquait une petite maison blanche.
— Au bruit, ça avait tout l'air d'un gros calibre, ajouta un homme.
— Est-ce que quelqu'un est sorti depuis les coups de feu ? demanda Blix. Ou est entré ?
La femme secoua la tête.
— Combien de personnes vivent là ? ajouta Fosse.
— Quatre, répondit une autre passante. Ils ont deux petites filles, mais je crois qu'il n'y en a qu'une à la maison en ce moment.
Blix jura tout bas.
— Très bien. Rentrez chez vous et n'en bougez pas. Et fermez vos portes à clé.
La petite foule commença à se disperser et Blix poussa le portillon du jardin.
— Tu prends de ce côté-ci, et moi de l'autre, indiqua-t-il à Fosse en pointant du doigt la droite et la gauche de la façade.
— Tu ne comptes pas entrer, tout de même ? protesta Fosse.
— On a tiré un coup de feu et il y a peut-être un enfant à l'intérieur.
— La sécurité d'abord, dit Fosse, répétant le mantra de leur instructeur de l'école de police. On doit attendre les renforts.
Blix connaissait les directives. La situation requérait qu'ils restent à l'écart et observent en attendant les collègues. Mais on n'était plus à l'école.
— Les renforts risquent de ne pas arriver avant dix minutes, et nous ne sommes même pas sûrs d'avoir ce temps-là devant nous.