Ne t'inquiète pas, tout va bien

L'histoire de ma renaissance grâce à un burn-out
Auteur : Ariane Dubois
Editeur : Flammarion

« Un burn-out. Un putain de burn-out.
Qu’est-ce que c’est ? Peut-on mourir de ça ?
Je ne sais pas.
Et pour le moment, je m’en fous.
Pour le moment, je ne pense plus, je ne mange plus, je ne bois plus, je ne pisse plus, je ne pleure plus. Pour le moment, je respire. C’est tout. »

Grâce à un burn-out, Ariane Dubois nous livre les secrets de sa renaissance et nous entraîne dans la reconstruction d’une vie où l’éclat de rire est dans chaque page.

Un récit enjoué et incisif qui dynamite fausses croyances et autres conditionnements toxiques pour montrer le chemin du bonheur.

19,00 €
Parution : Juin 2020
304 pages
ISBN : 978-2-0814-8760-4
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Extrait

Descente aux enfers

Tout a commencé à onze ans, lorsque j’ai lu Maupassant. Je ne voulais pas lire Maupassant. Je ne savais même pas qui était Maupassant. Mais voilà, j’avais déjà lu et relu le Club des 5, tous mes Astérix, et comme ma mère n’avait plus de place dans sa bibliothèque, elle avait mis son surplus de livres dans ma chambre. Cela faisait donc dix ans que Le Cid de Corneille côtoyait Oui-Oui et les lapins roses, tandis que Bel-Ami de Maupassant s’adossait à Astérix chez les Bretons.
J’avais bien ouvert Corneille il y a quelque temps, parce que le livre était tombé par terre, mais je n’avais découvert que des dialogues tout aussi bizarres que le nom de l’auteur. Je l’avais aussitôt refermé.
L’unique intérêt de ce livre avait été de me conforter dans l’idée que ma mère était folle. Non seulement maman ne lisait pas Astérix, mais en plus elle aimait les croassements incongrus de cette Corneille, sans parler qu’elle ne s’amusait jamais et qu’elle travaillait tout le temps. Une chose était sûre : quand je serais grande, je ne serais pas comme maman.
Bien calée dans mon petit lit, mes petites fesses piquées par les miettes de corn-flakes qui tombent de ma bouche, j’ouvre un livre – c’est l’intérêt d’avoir une maman qui travaille tout le temps, on peut faire ce qu’on veut. Même si ce que je veux vraiment, là tout de suite, c’est être avec ma maman. Ou jouer avec ma Gameboy, mais elle m’a été confisquée parce que j’ai eu un 4 en math.
Tant pis, va pour ce Maupi... Maupaz... enfin bref, ce livre avec la couverture de beau gosse qui illustre à merveille le titre : Bel-Ami.
Et voilà, Madame, Monsieur, comment, à onze ans, j’ai connu mon premier amour !
Ah mon Dieu que je l’ai aimé ce Georges Duroy ! Il était si beau, si élégant, si... sadique ! Et comme lorsqu’on tombe amoureux d’une personne on tombe aussi amoureux de son environnement, voilà comment je suis tombée amoureuse de l’Histoire... enfin, pour l’heure, du XIXe siècle : ses magnifiques hôtels particuliers, sa haute bourgeoisie décadente, ses fastes indécents, son art de vivre délicieux. Tout à coup, dans mon pyjama en pilou-pilou parsemé de corn-flakes, mon siècle me paraît violemment insipide.
Comment ? Qu’apprends-je ? On peut se faire susurrer des mots d’amour par un homme ? On peut aller applaudir Sarah Bernhard au théâtre ? On peut écrire la future opinion du Tout-Paris dans Le Figaro ? Et moi... moi, on me fait faire des fractions, des dictées et le week-end des cakes Mickey ?
Depuis ce temps-là, pour fuir la laideur abrutissante de mon époque avec sa contingence d’activités vides de sens, je vais dans l’Histoire.
Je vais danser avec Louis XIV dans la galerie des Glaces, je vais faire l’amour avec François Ier à Chambord, je vais courir avec Marie-Antoinette dans le Petit Trianon... Enfin, je suis libre ! Libre de papoter avec des La Fontaine, de peindre avec des Vigée Le Brun. Libre de faire des choses qui m’importent, qui m’élèvent, me transportent. J’ai même fini par rencontrer ce fameux Corneille. Quel homme, quel humaniste ! Cela dit, je trouve ses œuvres toujours aussi chiantes.

Informations sur le livre