Le nouveau Paris - Rallumons la Ville Lumière

Auteur : Cédric Villani
Editeur : Flammarion

« J’ai découvert Paris à 17 ans. La capitale m’a offert l’accès à la connaissance, aux sciences, aux rencontres qui m’ont ouvert au monde. Pour moi, c’était la Ville Lumière ! Mais aujourd’hui, elle est devenue grise : bruyante, polluée, engorgée, recroquevillée sur elle-même, les classes moyennes et la jeunesse la fuient. Avec ambition et méthode, je veux faire de Paris une ville apaisée, modernisée et réconciliée, qui élabore les solutions aux problèmes du quotidien grâce aux outils de notre siècle. Mon projet, c’est celui d’une métropole en résonance avec sa couronne, écologique, démocratique, innovante, une métropole de progrès dont les habitants redeviennent maîtres de leur destin. À nouveau, la Ville Lumière fière de donner l’exemple au monde. »

9,90 €
Parution : Janvier 2020
112 pages
ISBN : 978-2-0815-1447-8
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Extrait

Un livre permet de parler directement au cœur de son lecteur. Alors que je sollicite votre confiance pour que nous transformions, ensemble, notre ville, il me semble indispensable de vous raconter – moi aussi avec mon cœur, en toute sincérité – ce qui m’anime.
En me présentant à la Mairie de Paris, je ne cherche pas une fonction. Je ne cherche pas la notoriété. Je ne cherche pas à participer aux petits jeux partisans. Ni à devenir un personnage incontournable de notre paysage politique national.
Ce n’est pas de la fausse modestie : mon ambition est bien plus grande. Je ne cherche qu’une chose. Répondre à un défi. À un défi collectif, pour nous, pour nos enfants.
Paris est la plus belle ville du monde. Paris, c’est la ville où, personnellement, je suis allé à la rencontre de moi-même. Paris m’a apporté la sérénité : d’introverti j’y suis devenu extraverti. Paris m’a permis, à ma façon et sans que je l’aie voulu, de conquérir le monde : j’y ai embrassé une carrière de chercheur grâce à laquelle j’ai sillonné l’Europe et les États-Unis, et finalement le monde entier. Paris est aussi la ville où j’ai connu l’engagement politique : à travers le club de réflexion fédéraliste EuropaNova, première étape d’un parcours européen qui m’a amené à siéger au conseil scientifique de la Commission européenne. Paris est encore la ville où je me suis pleinement investi dans le monde associatif, aux côtés de l’artiste Patrice Moullet, pour développer la technologie au service de l’innovation musicale et de l’inclusion du handicap.
Une métropole, c’est un carrefour où la concentration des rencontres, le croisement des carrières permettent de créer de la valeur et de l’innovation, des expériences nouvelles. C’est ce que j’ai pleinement vécu à Paris. Et c’est ce que je veux rendre aujourd’hui à ce territoire et à cette communauté que j’aime.
Nous avons chacun une histoire intime avec Paris. Tant de trajectoires de vies, de métiers, de rêves se croisent dans cet espace, si réduit qu’on peut le parcourir en quelques heures. Les destins se rencontrent et vibrent ensemble, avec toutes leurs cultures différentes, venant emplir cette cité historique unique en son genre. Cette ville nous surprend. Elle nous oblige à nous dépasser. Elle recèle aussi – grâce à son exceptionnel tissu associatif, à la force de ses habitants – mille trésors de générosité, de bienveillance et de grandeur.
Elle nous déçoit pourtant aussi, souvent. Jacques Chirac ou Bertrand Delanoë y ont réalisé de belles choses. Mais le fonctionnement institutionnel de la Mairie, l’organisation des pouvoirs avec l’État, les jeux politiques ont provoqué d’innombrables blocages. Je ne ferai pas le procès de ceux qui ont conduit le destin de notre ville depuis quarante ans. Ce n’est pas mon genre, je préfère regarder vers l’avenir, animé d’un optimisme raisonné.
Ma démarche, en me lançant dans cette campagne, est née d’un constat, celui du scientifique qui sait qu’il n’y a pas de fatalité face à un problème et que l’immobilisme est dévastateur. On ne trouve jamais de solution en décrétant d’en haut ce qu’il faut faire. Les solutions viennent de la rencontre d’énergies positives.
Je ne comprends pas que notre ville, si riche, si belle, si créative, n’ait pas su répondre au défi social et environnemental pourtant sous nos yeux depuis longtemps. J’ai eu la chance de sillonner le monde pour y participer à des colloques, séminaires, projets de recherche, pour y enseigner et y transmettre la culture scientifique. J’ai eu l’occasion de rencontrer, sur tous les continents, d’innombrables personnalités engagées, des entrepreneurs, des Prix Nobel et bien d’autres passionnés des sciences, des arts et de la technologie. J’ai eu le bonheur de m’engager en Afrique pour y promouvoir les sciences. Et, grâce à ces échanges, j’ai acquis la conviction qu’il était possible d’agir, et contrairement à d’autres mégapoles dans le monde, Paris est bien mieux armée pour affronter ses responsabilités.
Administrer Paris ne peut être le projet d’un seul homme. On ne gère pas depuis sa tour d’ivoire une ville de 2 millions d’habitants, un budget de 10 milliards d’euros, plus de 50 000 employés municipaux, des écoles, des cantines, des activités pour organiser le bien-être de nos anciens, les plans de circulation, la collecte et le traitement des déchets, le logement social, la distribution de l’eau, les espaces verts, la voirie, la sécurité de chacun, les transports, etc.
Je ne prétends pas avoir un avis définitif sur tous les débats qui animent notre destinée collective, notre communauté, mais j’ai appris dans tous mes engagements à fédérer les énergies. J’ai toujours adoré entraîner un collectif. Me mettre à son service. Ma vision pour Paris s’est donc nourrie de mes centaines de discussions avec des Parisiens et du regard de ceux qui font le même constat que moi et qui, en dehors des partis, sans se définir d’abord de « droite », de « gauche » ou d’ailleurs, veulent ensemble changer les choses.
Avec moi, des centaines de Parisiens ont fait le choix de quitter des écuries politiques traditionnelles et les mesquineries. Certains sont d’anciens ou d’actuels élus. Des responsables associatifs. Des spécialistes du handicap. De la grande pauvreté. De la petite enfance. Du grand âge. D’autres sont chefs d’entreprise, experts, universitaires, créateurs de start-up ou ingénieurs. Spécialistes des sujets économiques et financiers. Experts de la propreté ou du logement. Aucun d’eux ne cherche « un job » : ils sont déjà reconnus dans leur domaine de compétence ou par leur engagement, comme je le suis moi-même déjà dans ma vie professionnelle. Une reconnaissance qui donne de l’indépendance...
Si je le souhaitais, je pourrais profiter d’un poste à vie ou d’une charge d’enseignement et de recherche dans une grande université américaine. je pourrais bénéficier d’un salaire confortable, complété par des conférences bien rémunérées pour de grandes entreprises, et des invitations régulières, dans de grands hôtels à chaque coin du monde. Donner mon avis sur tel ou tel sujet. Et rester dans l’analyse. Mais, comme les membres de mon équipe, je veux m’engager concrètement à améliorer notre société. Comme moi, ceux qui m’accompagnent ne cherchent ni les honneurs, ni le pouvoir pour le pouvoir. Ils ne veulent qu’une chose : « faire » les choses. Faire-ensemble. Avec moi, ils veulent un Paris plus démocratique. Ils veulent un Paris plus juste. Un Paris éco-progressiste qui réponde au défi de l’environnement.
Je le sais, certains nous pointent du doigt, en ricanant avec condescendance. En désignant notre équipe soudée comme un rassemblement de joyeux naïfs qui n’ont rien compris à la politique et qui ne pourront jamais « prendre Paris ».
C’est leur erreur. Nous ne souhaitons pas faire une OPA sur notre ville. Nous ne souhaitons pas entraîner les Parisiens dans une aventure. Mais au contraire fédérer les bonnes volontés pour gérer efficacement cette Ville et la transformer.
Quand on parvient à ouvrir le jeu et rassembler toutes les énergies, il devient possible d’accompagner un projet au plus haut. Dans notre métropole, les forces sont là, présentes, il suffit de les rassembler et de les catalyser, de permettre à tous ceux qui veulent s’investir pour Paris de le faire, pour redonner aux Parisiennes et aux Parisiens la maîtrise de leur destin.

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