Correspondances 1932-1959

Auteur : Boris Vian
Editeur : Fayard
En deux mots...

Sur fond de Seconde Guerre mondiale et d’une France de l’après-guerre, ce beau volume en partie inédit révèle un Boris Vian tour à tour facétieux, amoureux, tendre, corrosif et combatif.

Nicole Bertolt collabore avec Ursula Vian Kübler (seconde épouse de Boris Vian) à partir de 1980 et est aujourd’hui mandataire pour l’œuvre et directrice du patrimoine de Boris Vian. Elle nous dévoile ici un trésor, une sélection de près de cinq cents lettres de celui et à celui qui aurait eu cent ans le 10 mars 2020 Un détail qui n’en est pas un : regardez la date à la fin de L’Écume des jours…

29,00 €
Parution : Août 2020
400 pages
ISBN : 978-2-2137-1650-3
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Présentation de l'éditeur

Boris Vian a beaucoup écrit. 10 000 pages ont été publiées, restait en suspens la correspondance.
Dans les échanges avec sa première épouse Michelle se dessinent notamment l’univers de Saint-Germain-des-Prés, celui de Saint-Tropez avec ses clubs et ses personnalités hautes en couleur. Les copains – écrivains, jazzmen ou artistes – deviennent source d’inspiration, voire des personnages de son œuvre. Boris Vian leur écrit, mais répond aussi continuellement aux missives d’admiratrices, de lecteurs anonymes passionnés de musique et aux journalistes qui n’aiment pas son style.
Quant à la séquence familiale inédite qui ouvre cet ouvrage, elle résonne avec une puissance singulière. Les lettres à sa mère, surnommée Pouche, alors qu’il est en première année de l’École centrale, sont particulièrement touchantes, comme ses charmants échanges plus tard avec ses deux enfants, Patrick et Carole.
Ses lettres d’amour nous bouleversent, qu’elles soient coquines, drôles ou poétiques. Et puis un jour le premier amour disparaît pour refleurir ailleurs, avec Ursula, son Ourson.
Si l’on connaissait son esprit facétieux et provocateur, cette correspondance révèle l’humeur parfois assombrie d’un homme qui se sait malade depuis l’adolescence et qui vit différemment. Ressort quelquefois le ton d’un écrivain blessé de ne pas avoir été compris ni sous son nom ni sous celui de Vernon Sullivan. Même si Simone de Beauvoir lui écrit avoir aimé « en gros et en détail » L’Écume des jours ou que Raymond Queneau le soutient contre vents et marées.

Extrait

Mon cher Bison
Enfin de retour ! et quel retour ? Nous avons été obligés de nous arrêter à Auxerre, tous crevés, Alain dormait au volant et Bubu se tenait le ventre de douleur (dans les muscles !). Imagine toi un peu : démonter une roue sans cric. C’était pire que la panne du départ, surtout que nous étions sur une route déserte et il était 2 H du matin. Jacqueline « dégueulait » dans un coin. Bubu essayait de pomper de l’huile avec un tuyau pour mettre dans le cric, enfin après 3 H d’arrêt à l’aide de planches et de cailloux nous avons soulevé la voiture et changé la roue malade.
Nous avons tous dormi à Auxerre dans un hôtel et on est revenus à Paris à 90 de moyenne, tous frais et dispos.
Joie du retour déballade de faïence etc. etc.
Antoinette se porte à merveille.

Que deviens-tu ? Ta lettre est un télégramme et ne dit pas grand chose. Dis-nous à l’heure à laquelle tu arriveras on se dérangera en voiture te prendre à la gare surtout si tu as les petits avec toi.
Tu sais que nous n’avons pas abandonné l’espoir que tu nous as donné à St-Tropez. Au sujet d’une boîte que tu ouvriras ici.
Nous sommes allés au Club St-Benoît à crever de chaleur un monde fou et nous avons vu toutes les mêmes têtes de St-Tropez, un peu plus mais les mêmes. Louis était en plein travail, la librairie est beaucoup plus agréable et plus aérée. Nous y avons été en voiture et en sortant, Alain a eu la « joie » de voir deux pneus de la voiture crevés. Quel quartier ! Il a bousillé le cric que Louis lui avait prêté ça a fait une bonne soirée !…

J’espère que tu vas bien, nous t’attendons tous avec impatience.
Nous te Bisons tous ainsi que tes enfants, nos amitiés à Michelle
Simonne

Informations sur le livre