L'ambitieux

Auteur : Patrick Poivre d'Arvor
Editeur : Grasset

Élu à moins de 30 ans, Charles figure parmi les plus jeunes députés de l’histoire de France à rejoindre les bancs de l’Assemblée nationale, une prouesse qui a fait de lui la coqueluche des médias, toujours avides de fraîcheur dans un monde politique grisonnant et dominé par les vieux appareils. Charles tranche, sa vitalité réveille et son audace détonne : tous les projecteurs sont braqués sur ce jeune loup qui rêve aux ors de l’Élysée.

Pour l'aider dans son ascension vers le pouvoir suprême, Charles peut compter sur deux génies protecteurs qui œuvrent en coulisse: la vivace Florence, sa maîtresse, une journaliste rusée, jamais à court de stratagèmes, qui règne sur la première chaîne télé de France ; et sur son père, Jean-Baptiste d’Orgel, un acteur célèbre aimé du public, qui connaît mieux que personne le Paris des arts et des médias.

Mais plusieurs menaces planent sur les ambitions de Charles : l'ombre de son histoire familiale qui se dessine sur fond de drame, de fureur et d'assassinats ; le spectre d'un beau-père, plein d'amertume et d'aigreur. Il y a aussi les chausses trappes de ses rivaux, la découverte d'un enregistrement pirate qui compromet gravement le président en exercice sous les traits duquel on reconnaitra aisément un ancien président de la République, les infortunes du quotidien ; mais plus dangereux encore est l'arrivée de Blanche dans sa vie, une sulfureuse écrivain à succès, qui risque de briser l'alliance tacite qu'il a conclue avec Florence...

Entre les eaux froides du calcul politique et les flammes imprévisibles de la passion, entre le rêve de gloire à portée de main et l'amour vrai à portée de cœur, Charles saura-t-il trouver le juste-milieu ?

18,50 €
Parution : Février 2020
240 pages
ISBN : 978-2-2468-2295-0
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Extrait

Les débuts de Charles à l’Assemblée nationale furent très suivis par les médias, toujours en quête de fraîcheur et de renouvellement. Ce n’est pas tant l’ancienne éminence grise du président de la République qui suscitait leur curiosité mais bien plutôt le fils jusqu’alors secret de JBDO, l’acteur fameux. La plupart des questions qui lui furent posées dans la salle des Quatre Colonnes ne portaient que sur cela dans les premières semaines, puis le flot se tarit.
Charles ne montrait aucun agacement à la perspective d’être réduit au statut de « fils de… ». Il avait bien conscience que cette filiation lui avait été favorable pendant sa campagne et continuerait de l’aider. En revanche, il s’était mis d’accord avec son père pour éviter de se retrouver avec lui en public. Il avait ciselé quelques formules passe-partout, très avantageuses pour son père, afin de répondre sur le sujet aux questions qu’on lui posait en boucle.
Les journalistes passèrent à autre chose mais gardèrent un regard attentif sur le parcours brillant de ce jeune homme plein d’avenir, élu à la députation à moins de 30 ans. Cela contribua à susciter quelques jalousies dans son camp, notamment de la part des vieux briscards de l’Assemblée, soudain délaissés par les flashes et les projecteurs. À la direction de son parti en revanche, on voyait d’un bon œil l’ascension de Charles, qui apportait un peu de sang neuf à un mouvement depuis trop longtemps au pouvoir. La courte parenthèse de l’opposition, refermée sept ans plus tôt, n’était plus qu’un lointain souvenir.
Les vacances d’été qui se profilaient permirent au jeune député d’envisager enfin quelques semaines de vacances. Il n’en avait pas pris une seule depuis trois ans. La campagne électorale de Victor Exbrayat, puis ses deux premières années de mandat avaient été épuisantes. Et le labourage systématique d’une circonscription où il n’avait encore jamais mis les pieds avait achevé de le mettre sur le flanc. Pourtant, c’était le souvenir le plus rafraîchissant qu’il gardait de ces dernières années, davantage encore que l’épopée présidentielle qui avait vu son mentor accéder à l’Élysée.
Il n’avait d’ailleurs aucune nostalgie de son séjour au Château, de ces huissiers à chaîne qui s’inclinaient sur son passage, de ces solliciteurs multiples et toujours intéressés, de ces piles de parapheurs à signer, de ce concours absurde de zèle en tout genre, jusqu’à mettre un point d’honneur à se montrer le dernier à quitter le bureau, la plupart du temps après une heure du matin. Il ne regrettait que les moments où, peu avant le dîner, Victor venait se servir un verre dans son bureau et échanger avec lui. Ce n’est pas l’homme qui lui manquait – au fil du temps, sa considération pour lui s’était singulièrement émoussée – mais ces parties de ping-pong verbal où il avait l’impression de faire avancer quelques-unes de ses convictions.
Et c’est en souvenir des bons moments vécus en Bretagne pendant sa campagne qu’il décida de passer ses vacances dans la maison de son père en compagnie de Florence. Il enverrait ainsi un message à ses nouveaux électeurs. Ils auraient pu s’attendre à le voir s’envoler vers des contrées exotiques plus conformes à l’image qu’ils se faisaient d’un Parisien dans le vent. Eh bien non, le député resterait chez lui, au milieu de ses ouailles.
S’il n’y avait que ses ouailles…
Il n’était pas près d’oublier ces vacances qu’il allait passer dans sa nouvelle terre d’attache. Grâce à Florence, elles furent aussi piquantes qu’iodées…

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