Le Pays blanc

Auteur : Collectif
Editeur : Le Livre de Poche
En deux mots...

Un recueil caritatif au profit de l'Unicef.

7,40 €
Parution : 10 Septembre 2025
Format: Poche
192 pages
ISBN : 978-2-2532-5631-1
Fiche consultée 19 fois

Présentation de l'éditeur

Un an après les attaques perpétrées au Liban à l’automne 2024, dix-sept auteurs, tous liés au pays, prennent la plume. Que ce soit sous forme de nouvelle, de lettre, d’article, d’illustration, de poème, de récit ou de souvenir, ils unissent leurs voix pour nous offrir un magnifique recueil collaboratif en soutien au pays du Cèdre.

Préface de Céline Bentz.

Au Liban, 1,9 million d’enfants et leurs familles font face à une crise humanitaire sans précédent. L’UNICEF est sur le terrain pour leur apporter eau potable, nutrition, soins de santé, éducation et soutien psychosocial.

En achetant ce livre, vous contribuez directement au soutien de ces actions vitales.
Aidez-les à répondre à l’urgence !

1 livre acheté = 500 comprimés de purification d’eau

Extrait

RIMA ABDUL MALAK

J’ai reçu ta lettre quelques jours après mon installation rue de Valois.
« Chère Madame la Ministre,
Mes félicitations pour votre nomination au poste de ministre de la Culture.
Je m’appelle Rima. J’ai huit ans trois quarts, j’habite à Paris et je suis en CM1.
Comme vous, je suis franco-libanaise et j’adore la lecture.
Grâce à votre nomination, je pourrai désormais dire à tous ceux qui écorchent mon prénom (Emma, Mira, Amir, Bianca, Rami, etc.) que je m’appelle Rima comme la ministre de la Culture.
Bien cordialement,
Rima »
Ce message m’a immédiatement donné envie de te connaître. Trente-quatre années nous séparent, mais qu’ont-elles en commun, les quatre lettres qui composent notre prénom ?
Mon père est chrétien orthodoxe originaire de Jbeil (Byblos), une ville qui a sept mille ans d’histoire. Ma mère est maronite originaire d’Ajaltoun, un village du Kesrouan, au mont Liban. Ils se sont rencontrés sur les bancs de l’université à Beyrouth. Ils ont aujourd’hui l’âge de tes grands-parents. Ton père, lui, est musulman chiite, originaire de Hortaala, un village de la plaine de la Bekaa. Ta mère est française, d’une famille catholique de Manosque. Ils se sont rencontrés aux Émirats arabes unis, à Abu Dhabi, où ils travaillaient dans la même entreprise. Comme mes parents, ils ont choisi ton prénom parce qu’il n’est rattaché à aucune religion, qu’il est commun à tous les Libanais, quelle que soit leur appartenance confessionnelle. Surtout, c’est le prénom de la fille de Fairouz, à qui elle a dédié une chanson en 1967 : la berceuse Yalla Tnam Rima. Mes parents aimaient tellement cette chanson qu’ils rêvaient de la chanter à leur enfant pour l’aider à s’endormir. Les tiens aussi.
Tu as grandi à Paris en temps de paix, j’ai grandi à Beyrouth en temps de guerre, mais nous avons été bercées par la même musique.
De conversations en conversations, malgré tout ce qui nous sépare, j’ai compris que notre Liban était le même.
Mon Liban est le pays de l’enfance, des premiers mots, des premiers pas, des dents qui poussent, des dents qui tombent, des premières larmes, des premiers rires. Au printemps, le pays des janerek, ces petites prunes vertes qu’on croquait à pleines dents avec du sel. À l’automne, le pays des récoltes d’olives dans les champs de la maison de famille à Chikhane.
Ton Liban est le pays des vacances, des jeux avec ta cousine, des heures passées à rouler les feuilles de vigne avec ta grand-mère, des promenades sur la corniche de Beyrouth et des cueillettes de cerises dans les champs de ton grand-père.
Mon Liban est le pays du manque. Impossible de boire l’eau du robinet. Impossible d’avoir de l’électricité plus de trois heures. Impossible de téléphoner, les lignes étaient si souvent coupées. Au moins, toi, tu as connu l’ère des portables et de WhatsApp ! Les infrastructures sont toujours aussi défaillantes, mais les moyens de communication fonctionnent comme à Paris

Informations sur le livre