Atmore, Alabama

Auteur : Alexandre Civico
Editeur : Actes Sud Editions

Lorsqu'il atterrit en Floride, il sait exactement où sa voiture de location doit le mener : Atmore, bourgade paumée au fin fond de l'Alabama. Il s'installe chez l'habitant, instaure un semblant de routine et rencontre une jeune Mexicaine désespérée. Un lien naît entre lui, l'étranger que l'on devine ravagé par la douleur, et cette fille à la dérive, noyée dans la drogue. Que vient chercher ce Français au royaume des rednecks, de l'ennui et des armes à feu ? Rien ne paraît l'intéresser sinon la prison, à l'écart de la ville, autour de laquelle il ne peut s'empêcher d'aller rôder...

Porté par une écriture affûtée à la poésie sèche, parfois tendre, ce roman de la chute, noir, dense, invoque dans un même surgissement le décor d'une Amérique qui s'est perdue et le saccage intérieur d'un homme qui ne sait plus comment vivre.

16,50 €
Parution : Septembre 2019
144 pages
Collection: Actes noirs
ISBN : 978-2-3301-2549-3
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Extrait

La silhouette de la prison m’est apparue brusquement, juste après un virage serré. Une forteresse-usine aux miradors carrés et aux murs gris surmontés de chevaux de frise. Une immense cathédrale païenne aux tours vitrées. Divers bâtiments posés les uns à côté des autres, sans souci de continuité, sans logique apparente. La route débouchait directement sur un parking. Je m’y suis garé, j’ai arrêté mon moteur et observé cette Jéricho aux murs indestructibles. Il était là. Il respirait ici, juste derrière, à quelques dizaines de mètres, enfermé, vêtu de sa combinaison blanche. A.F., race blanche, sexe masculin, cheveux bruns, 5 pieds 9 pouces, 166 livres, année de naissance, 1975, pas de cicatrices, tatouage à la nuque, signification indéterminée. Meurtre au premier degré. Couloir de la mort. Du coin de l’oeil, j’ai aperçu un mouvement lent. Un gros véhicule frappé aux armes de la centrale s’approchait. Je suis descendu de voiture, prenant les devants, me suis avancé vers cet hippopotame d’acier, gauche, sans menace. Un employé de la prison, au volant, a baissé la vitre et demandé ce que je foutais là. Ma réponse n’a pas satisfait l’homme dont l’uniforme bleu paraissait neuf, dont le badge doré scintillait, dont les mâchoires étaient habilement serrées pour accentuer l’allure mâle donnée par le costume réglementaire. Vous ne pouvez pas rester là. Il faut partir.

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