Le pays du crépuscule

Auteur : Marie Hermanson
Editeur : Actes Sud

Tout va mal pour Martina. A vingt-deux ans, la jeune femme vient de perdre son emploi et son logement, et ses possibilités d'avenir sont limitées. Mais une rencontre avec son ancienne amie Tessa va tomber à point nommé. Tessa travaille dans un manoir pour une vieille dame qui croit être toujours dans les années 1940 et invite des messieurs à des dîners imaginaires. Tessa propose à Martina de venir y vivre avec elle. Bientôt, elles sont rejointes par une adolescente et deux jeunes hommes. Aucun d'entre eux n'a trouvé sa place dans la vie, mais le manoir leur offre une certaine sécurité et une raison d'être. L'idée de pouvoir rester pour toujours dans le Pays du Crépuscule émerge en eux. Ils élaborent un plan pour s'assurer l'héritage du lieu. Jusqu'à ce qu'un invité surprise fasse son apparition, vienne entraver leur plan et déclencher une terrible suite d'événements.

Traduction : Johanna Chatellard-Schapira
21,80 €
Parution : Mai 2020
288 pages
Collection: Actes noirs
ISBN : 978-2-3301-3107-4
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Extrait

La maison tombait en ruine. Le Grand Salon ressemblait à un aquarium dans la lumière verte et les fenêtres étaient mangées par le lierre. Ses tiges, tels des mille-pattes, tendaient leurs ventouses vers la vitre sans parvenir à se cramponner.
Ce jour-là, j’avais vu un escargot dans le vestibule. Je n’avais pas compris comment il était arrivé là, la porte d’entrée était peut-être restée ouverte. Un gros escargot à la coquille jaune pâle qui avait grimpé sur le mur en traînant son sillon de bave derrière lui.
Je ne saurais expliquer pourquoi, mais cette vision m’avait effrayée. Comme un signe avant-coureur : la capitulation de la maison face à la faune et la flore.
Je voyais déjà en pensée les escargots, les couleuvres et les chenilles grasses ramper sur les fauteuils en velours, les renoncules pointer à travers les lames du plancher, les branches des chênes briser les vitres et répandre leurs glands sur les tapis persans.
Mais bien sûr, rien de tout cela ne se produira. La maison sera vendue et transformée en centre de conférences ou en hôtel romantique, et moi, on m’aura mise dehors. Il fallait absolument que je trouve autre chose.
— Il faut sauter, m’avait prévenue Tessa. Le fossé se creuse. Il faut sauter du bon côté pendant qu’il est encore temps.
Tessa avait sauté.
Mais pour moi, il était trop tard.

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