Absolution

Auteur : Yrsa Sigurdardóttir
Editeur : Actes Sud

La police découvre le crime comme tout le monde : sur Snapchat. La vidéo montre la victime, terrifiée, en train de demander pardon. Près du corps retrouvé quelque temps après, la police découvre une feuille de papier sur laquelle est noté le chiffre "2". Dans un contexte difficile au sein de l'équipe en charge de l'affaire, l'inspecteur Huldar tente de découvrir les motivations et l'identité du meurtrier. La psychologue pour enfants Freyja doit l'aider à mener les interrogatoires des amies de l'adolescente. Ils découvrent rapidement que Stella était loin d'être l'ange que tout le monde décrit. Mais qui aurait pu lui en vouloir au point de la tuer ? Quelques jours plus tard, un jeune homme subit le même sort. Cette fois-ci, c'est le chiffre "3" qui est découvert sur la scène du crime. La série va-t-elle continuer ? Et où est le numéro "1" ? Dans cette nouvelle enquête haletante, Yrsa Sigurdardottir dévoile la face sombre des réseaux sociaux.

Traduction : Véronique Mercy, Catherine Mercy
23,00 €
Parution : Juin 2020
448 pages
Collection: Actes noirs
ISBN : 978-2-3301-3549-2
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Extrait

Au sous‐sol, les toilettes pour dames étaient désertes. Les lavabos en porcelaine blanche avaient séché, les portes s’en‐ trouvraient sur des cabines vides. Plus tôt dans la soirée, les femmes s’étaient entassées devant en attendant leur tour. L’état des sanitaires s’en ressentait. Les essuie‐mains débor‐ daient des poubelles. Des gobelets vides traînaient un peu partout. Le contenu d’une grande boîte de pop‐corn était répandu sur le sol. Les clientes pressées de se soulager avaient écrasé les grains de maïs en sautillant d’un pied sur l’autre.
Comme les toilettes pour hommes devaient être dans le même état, Stella s’estima heureuse de ne pas avoir été chargée du ménage. Après deux séances qui avaient fait salle comble et deux autres bien remplies, les lieux étaient d’une saleté rare‐ ment égalée. On se doutait qu’il y aurait foule au bar avant les films et pendant les entractes. On avait donc prévu large, mais le distributeur de pop‐corn n’avait pas suffi. Quand la réserve de Coca light avait été épuisée, les clients s’étaient plaints. Stella avait serré les dents pour ne pas envoyer pro‐ mener les râleurs. Elle n’était pas responsable de la gestion des stocks.
Elle hésita avant d’entrer. Elle venait de se rendre compte qu’elle était seule. Seule dans le sous‐sol et même dans le cinéma.
Les enceintes avaient cessé de bourdonner dans les salles de projection. Elle n’entendait plus jacasser les autres filles. Elle leur avait proposé d’aller attraper leur bus pendant qu’elle finissait de ranger. Elles avaient disparu dans la tempête derrière la porte vitrée. À peine leurs silhouettes s’étaient‐elles évanouies qu’elle regrettait déjà son geste. À dire vrai, elle n’avait pas agi seulement par bonté d’âme. Elle avait saisi la première occasion de se vanter d’avoir un petit ami qui possédait une voiture. Elle ne perdrait plus son temps dans le bus.
Stella se rappela soudain qu’elle avait reçu un message à la fin de l’entracte. L’expéditeur, dont le pseudo ne lui disait rien, ne faisait pas partie de ses contacts. Ça faisait long‐ temps qu’elle aurait dû modifier ses paramètres pour évi‐ ter d’être ennuyée par des inconnus. Surtout depuis que les vieux s’étaient mis à utiliser l’application. Comme si ça ne leur suffisait pas d’avoir infesté Facebook, voilà qu’ils se met‐ taient à envahir Snapchat. Une mémé, oui, c’était sûrement ça, une amie ou une cousine de sa mère dont elle ne se sou‐ venait plus. En tout cas, c’était la première fois qu’elle voyait le pseudo : “Bara13”. Mais peut‐être qu’elle se trompait. Si ce n’était pas le prénom féminin “Bara”, c’était peut‐être un gamin de “seulement” treize ans. Le message était tellement dément que ça pouvait coller.

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