Le Fantôme de Mexico
Il y a plus de trente ans, à la veille de la catastrophe de Tchernobyl, un meurtre a lieu à Mexico. La victime, un inconnu d’une soixantaine d’années, est probablement originaire du bloc de l’Est. Pourquoi l’homme était-il au Mexique à ce moment-là ? Et quel est le rapport entre l’accident du réacteur nucléaire et son assassinat ? Celui-ci est-il le fait du KGB ? Ou, peut-être, des responsables de l’industrie nucléaire américaine ?
Le commissaire Heller devra attendre quelques années après la chute du Mur pour trouver des réponses (surprenantes)… à Kiev, Munich et Harrisburg (Pennsylvanie).
Extrait
Le cadavre n’avait aucun signe particulier : homme de taille moyenne, la soixantaine, cheveux gris, courts, nez large en raison d’une fracture antérieure, barbe poivre et sel, pommettes hautes, type est-européen, leptosome, pâle. Cause du décès : perforation du cœur par une balle d’arme à feu, bref, du travail de profession- nel. Balle : néant. Lieu de découverte sans doute différent du lieu du crime.
Un secouriste avait trouvé l’homme derrière un tas de gravats (nu, sans effets personnels, origine inconnue). J’ai demandé à Valverde de me donner les résultats de l’autopsie, mais il devait d’abord faire signer un formu- laire : son chef était devenu très tatillon sur ce point depuis que certains de ses collègues s’étaient laissé corrompre par des magnats de la drogue.
Le supérieur de Valverde n’étant pas joignable, nous avons pris la direction du centre-ville et, au bout de quelques minutes, nous nous sommes retrouvés dans un parc : une oasis, vierge de toute marque de destruc- tion. Nous sommes arrivés à la bibliothèque universitaire, un bâtiment parallélépipédique décoré de divinités indiennes et de scènes mythologiques de toutes les cou- leurs.
Aux alentours de 22 heures, ne voyant toujours pas arriver le chef de Valverde, nous sommes entrés dans une taberna non loin de là. Valverde n’arrêtait pas de parler de sa famille, de son pays, des présidents. Nous avons beaucoup ri ce soir-là.
Le lendemain matin, Valverde m’a réveillé en agitant des papiers sous mon nez. Sa femme Lorena m’a salué comme si je faisais partie de la famille. Le chef avait enfin donné son autorisation ; assis à la table du salon, Valverde s’est mis à traduire le rapport provisoire : la victime avait été découverte derrière un tas de gravats à la périphérie du centre-ville. Un seul coup de feu avait été tiré, il avait transpercé le ventricule droit de son cœur. D’après la trajectoire de la balle, l’assassin se trouvait face à la victime. La balle était ressortie par le dos. Comme celle-ci n’avait pas été retrouvée, et ce, malgré des heures de recherche, on pouvait déduire que le cadavre avait été déplacé après l’homicide. Dans la bles- sure, on avait découvert des résidus de fibres de coton qui s’étaient introduites dans le corps en même temps que la balle. L’analyse au microscope avait révélé que ces fibres étaient bleues. La victime, après avoir été tuée, avait sûrement été déshabillée, il est certain que les tex- tiles auraient eu force de preuve.