Meurtres en cinq actes

Auteur : Hélène Clerc-Murgier
Editeur : Actes Sud
En deux mots...

Paris, 1631. Des assassinats spectaculaires ébranlent la capitale. Et pour cause, ils sont perpétrés sur les scènes des théâtres, en pleine représentation.

22,80 €
Parution : Janvier 2025
336 pages
Collection: Actes noirs
ISBN : 978-2-3302-0073-2
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Présentation de l'éditeur

Paris, 1631. Des meurtres spectaculaires ébranlent la capitale. Et pour cause, ils sont perpétrés sur les scènes des théâtres, en pleine représentation. Sur chacun des lieux du crime, on retrouve deux cartes de tarot et des pamphlets dirigés contre Renaudot, le médecin protégé de Richelieu, qui est en train de rédiger le premier journal en France. S'agit-il d'une rivalité entre les troupes parisiennes ? Ou est-ce un moyen, pour l'assassin, d'atteindre Renaudot, et indirectement le redouté cardinal ? Et comment le meurtrier parvient-il à multiplier ses méfaits, alors que le tout-Paris a les yeux rivés sur les scènes des théâtres ?
Les enquêteurs du Grand Châtelet, Jacques Chevassut et Philippe de May, se saisissent de l'affaire. Plus l'enquête avance et plus le mystère s'épaissit...

Extrait

Où l’on découvre un corps sur la scène du théâtre de l’hôtel de Bourgogne

Le corps gisait dans une mare de sang. Sur scène, tous les acteurs s’étaient écartés, formant un cercle silencieux autour de la masse inerte. Le visage était blafard, l’homme semblait respirer encore. Le costume du comédien se teintait de rouge, la couleur se répandait en mille courbes, absorbée par la soie et le lin.
Quelques gouttes épaisses tombaient maintenant sur le parquet et prenaient une teinte plus sombre. Des cris parve‐ naient des loges du premier étage, le public assistait impuissant à l’agonie. Au parterre, c’étaient des chuchotements, un tumulte plus silencieux, on ne voyait rien de ce qui se passait, peut‐être le ballet se poursuivait‐il ?
Puis un cri jaillit des coulisses, une femme accourait, écartant tout le monde sur son passage. Elle se mit à hurler, et ce cri déchirant entraîna d’autres cris encore, qui venaient de toutes parts, de la scène, du parterre, des loges, une agitation terrible. Quelques curieux voulaient voir, d’autres, gagnés par la peur, préféraient s’enfuir.
— Ils l’ont tué, ils l’ont tué ! hurlait la malheureuse.
Les hurlements redoublaient, quelques acteurs se penchaient vers la femme, essayaient de l’éloigner. Le bas de sa robe blanche était écarlate maintenant, son visage déchiré par la douleur n’était que larmes, effroi.
— Je ne veux pas ! Je ne veux pas !
Elle s’effondra. Des comédiens l’amenèrent dans les loges, elle tenait à peine sur ses jambes, ses cheveux en bataille recou‐ vraient son visage, on entendait toujours ses pleurs, des râles de douleur.

Le silence était maintenant revenu, à peine percevait‐on des gémissements étouffés venant des coulisses. Les lampes à huile, les cierges et les chandelles qui servaient de luminaires avaient été éteints pour que tout ne s’enflammât pas. Quelques gardes surveillaient les entrées. Le maître des lieux avait prié les comédiens, les danseurs et les chanteurs, de rentrer chez eux.
Le lieutenant criminel Jacques Chevassut avait été prévenu le soir même par un garde en faction à l’entrée du théâtre. Depuis quelques mois les incidents se multipliaient alentour pour empêcher les comédiens royaux de jouer, et il fallait qu’à chaque représentation les abords soient surveillés. C’est par le plus grand des hasards que le lieutenant se trouvait encore au Grand Châtelet à une heure si tardive, finissant de régler la tenue d’un procès qui devait avoir lieu le lendemain. Il arriva au plus vite au théâtre de l’hôtel de Bourgogne, accompagné de son second, Philippe de May.

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