Celui qui ment le premier

Auteur : Ashley Elston
Editeur : Actes Sud

Evie Porter a tout pour elle. Une belle maison, un petit ami parfait, des amis sophistiqués. Une vie de rêve. Seulement, Evie Porter n’existe pas. Son identité a été inventée de toutes pièces par son mystérieux patron, Mr. Smith. Sa mission : s’infiltrer dans la vie de Ryan Sumner et attendre de nouveaux ordres. Mais lorsqu’une femme se présente un jour sous sa véritable identité – son secret le mieux gardé –, tout bascule. Qui manipule qui, finalement ? Serait-ce en réalité Evie, la cible ?
D’une précision chirurgicale, Ashley Elston manipule brillamment son lecteur dans ce thriller d’espionnage revisité où faux-semblants et trahisons s’entrelacent pour un dénouement aussi surprenant qu’implacable.

Traduction : Laure Manceau
22,80 €
Parution : 3 Septembre 2025
400 pages
Collection: Actes noirs
ISBN : 978-2-3302-0880-6
Fiche consultée 20 fois

Extrait

Quatorze jours restants
Niklas mastiquait lentement tout en observant sa famille de l’autre côté de la table. On était le 17 décembre, et sa fille et lui avaient décidé de commencer à décorer la maison pour Noël, même si c’était encore prématuré à son goût. Des lutins de Noël en porcelaine blanche ornaient la table, et la pièce baignait dans la lumière douce d’une guirlande électrique. Étant tous deux tombés d’accord pour dire que le sapin avait peu de chances de survivre jusqu’à Noël s’ils le rentraient dès maintenant dans la maison, ils avaient suspendu la guirlande à la lampe éteinte au-dessus de la table.
Sa fille portait un tricot avec des diodes clignotantes rouges et vertes et lui-même avait mis une cravate rouge en l’honneur de ce dîner. Son costume était bien sûr gris cendré, comme d’habitude. Il ne faut pas exagérer.
Il porta une nouvelle fois la fourchette à sa bouche. Un bout d’ananas confit au gingembre, piment et miel. Personnelle- ment, il ne trouvait pas que les fruits aient leur place dans un plat de résistance, mais sa fille adorait l’ananas. Elle le préfé- rerait sans doute au bifteck. Tant mieux, il y aurait d’autant plus de viande pour lui.
Ses deux convives étaient absorbés par le contenu de leur assiette et n’avaient pas l’air de remarquer ses regards scruta- teurs. Heureusement. Il faisait sans doute une drôle de tête, mais il n’y pouvait rien. Il ne trouvait pas de mot plus adé- quat que “satisfaction” pour décrire ce qu’il ressentait. C’était un sentiment tout neuf, même si en fin de compte il n’avait pas fallu tant d’efforts pour le faire naître.

Cela n’était pas dû à sa carrière, pourtant brillante.
Ni à l’appartement sur Linnégatan dans le quartier d’Ös- termalm, même s’il aimait beaucoup le logement dont sa fille et lui bénéficiaient.
Non, tout ce qu’il avait fallu, c’étaient eux trois, rassem- blés autour de la même table.
La tentative d’assassinat dont il avait été victime six mois auparavant et qui avait fait grand bruit dans la presse n’était plus qu’un mauvais souvenir. Bien sûr, il faisait toujours l’ob- jet d’une protection rapprochée, et il faudrait sûrement encore au moins six mois avant que ses employeurs ne relâchent un peu la pression. Mais il avait l’habitude de ses gardes du corps depuis si longtemps qu’il avait fini par les considérer comme des membres de la famille.

Informations sur le livre