Terre promise

Auteur : Marc Villard
Editeur : Manufacture de livre éditions
En deux mots...

Jeremy et Esther ont dix-sept ans et envie d'argent facile. Il leur suffit de traverser la frontière avec de la drogue dans le ventre. En route vers la terre promise...

11,90 €
Parution : Novembre 2019
125 pages
ISBN : 978-2-3588-7562-2
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Présentation de l'éditeur

Ils ont dix-sept ans et pas grand chose de plus. Jeremy n'a jamais eu de papiers, il est né en France, sur le matelas d'un squat de migrants et a vécu en marge de tout. Esther a eu une famille dans l'Est, mais a fui loin de sa violence et de sa morosité. Ils sont ensemble parfois, parce qu'ils se ressemblent finalement. On leur apprend qu'en passant la frontière avec des capsules de drogue dans le ventre, ils pourront gagner de quoi vivre un peu mieux. De l'argent facile. Rien ne peut leur arriver. Rien de bien grave. Rien de pire. Alors, est-ce qu'il faut tenter sa chance vers la terre promise ?

La presse en parle

Si vous voulez un grand roman social contemporain, le tout en moins de 130 pages, lisez Terre promise ! Vous ne mesurez pas à quel point c'est actuel.
Augustin Trapenard - 21 centimètres - Canal +

Extrait

Martin, le plus jeune des deux policiers, tire sur les fils de son casque audio. Il en a marre de Julien Doré. Son coéquipier se nomme Poulain, comme le chocolat. Concernant la couleur, ils sont tous les deux blancs et européens. C’est une erreur quand on s’apprête à serrer Farid Berchiche, un Maghrébin de 30 ans qui transite par l’hôtel Nadir, rue de la Charbonnière à Barbès. Car ceux qui vivotent dans les lieux sont pour la plupart africains. Les deux hommes hésitent à sortir de leur voiture de fonction garée à 30 mètres de l’hôtel, pratiquement à l’intersection avec la rue de Chartres.
Je le sens pas, l’enfoiré de Farid, dit Poulain.
On dit à Serner qu’il n’était pas là. On a planqué cinq heures mais le mec s’est pas montré.
J’hésite. Serner est capable de me baiser pour ma mutation à Rennes.
J’avais oublié ton plan de carrière.
Poulain ne répond rien. La façade est pisseuse, les passants sont issus de l’immigration. Trois étages. Le fugitif peut s’arracher par le toit. La couverture en zinc est glissante. Quel souk.
On y va relax, sans annoncer la couleur, dit Poulain.
Comme les Témoins de Jéhovah ?
Je t’emmerde. Ferme la caisse.
Poulain va sur ses 45 ans. Il a la tête de Goebbels et ressemble terriblement à un policier. C’est d’ailleurs ce que pense le guetteur de Farid qui l’aperçoit par la fenêtre du palier, situé au premier étage du Nadir. Le gamin file dans l’escalier. Les marches, les murs humides, chop, chop, la porte 31.
Farid, c’est Chouchou, dit-il.
Ouais, quoi ?
Les keufs, mon frère.
La porte s’ouvre à la volée sur un Tunisien de 30 ans, survêt gris et torse nu. Une fille Black bouge dans son dos. Il passe la tête dans le couloir.
Où ils sont ?
Ils viennent d’entrer dans l’hôtel.
OK, planque-toi.
Pendant que Chouchou, un guetteur du deal qui fait des extras pour le Nadir, se carapate, Rachid réapparaît, vêtu d’un blouson matelassé, un sac de sport dans la main gauche. Celui-ci contient les bijoux du magasin de la place Blanche, braqué voici deux jours. Dans la droite, le truand serre un Glock à 9 coups qui se soulève à l’apparition de Poulain au bout du couloir.
Simone, sors de la piaule, hurle Rachid.
La prostituée camerounaise s’exécute, entièrement nue, et rampe au sol dans une tentative de fuite en brasse coulée. Rachid tire trois balles vers le policier mais la réplique est nourrie. Il prend un journal qui traîne sur le linoléum, sort son Zippo et lance sa torche en direction d’un paillasson à l’abandon. De suite, la corde s’enflamme et le plancher prend la suite. Rachid recule au fond du couloir, invisible mais coincé. Le vasistas.
Simone, aide-moi à grimper.
Putain, Rachid.
Vite.

Informations sur le livre