Albuquerque

Auteur : Dominique Forma
Editeur : Manufacture Livres
En deux mots...

Un road-novel noir qui est aussi un roman d'amour sur les routes de l’Ouest américain avec un couple en pleine crise poursuivi par des tueurs.

12,90 €
Parution : Octobre 2019
170 pages
ISBN : 978-2-3588-7572-1
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Présentation de l'éditeur

Décembre 2001, Albuquerque, Nouveau-Mexique. Voici l’instant que Jamie Asheton redoute depuis qu’il a collaboré avec la police pour faire plonger un parrain de la mafia new-yorkaise. Il a eu beau troquer son passé pour une nouvelle identité, depuis 10 ans, il vit avec une peur sourde en lui. Et deux hommes s’approchent de la guérite du parking où il travaille, c’est pour lui qu’ils sont là. Il va falloir faire vite, sortir de ce traquenard, passer chercher sa femme et fuir vers Los Angeles où se trouve le service de protection des témoins. Mais la route est longue jusqu’à la cité des anges… longue pour un couple traqué, longue pour un homme que sa femme n’aime plus mais qui est condamnée à partager sa vie.

Extrait

L’espoir n’aide en rien. Au contraire, il rouille l’âme et nécrose les sentiments. De là à affirmer que le désespoir redonne le sourire… Entre les deux, l’ennui triomphe.
Jamie Asheton n’est pas le genre de garçon à se laisser de nouveau avoir. Une fois avait suffi. Ne pas croire en un meilleur avenir. Ne pas se fier aux apparences ni au décor. Il ne faudrait croire en rien, tout serait plus simple. Plus facile à dire qu’à vivre, il faut bien se raccrocher à quelque chose ou à quelqu’un. À Jackie, son épouse, par exemple.

Des filets d’eau perlent comme autant de ridicules cascades débordant des rebords de la rampe ascendante du Central Parking. À force d’être éclaboussées, les dalles du trottoir de Copper Avenue − qui longent la face est de l’édifice − sont devenues glissantes et désormais dangereuses à pratiquer pour les piétons qui s’y risqueraient.
De mémoire d’homme, on n’a jamais vu ça à Albuquerque. D’ailleurs, jamais personne ne le verra ; on ne déambule pas à l’angle de Copper Avenue et de Fifth Street si tôt le matin. Le quartier est encore désert. Les Mexicaines viendront pour passer l’aspirateur plus tard, avant l’ouverture des magasins. Quant aux sans-abri, ils sont prévenus : ils se gardent bien de traîner dans le quartier au risque de se faire caresser les flancs par la police municipale.
Des gouttes d’eau tombent, signe avant-coureur d’une inondation ? Ici même sur la « Terre de l’Enchantement » ? En plein Downtown Albuquerque, New Mexico ? I don’t think so.

Encadré par quatre rues lui donnant ses limites, le Central Parking est un parallélépipède posé sur du béton et grimpant sur quatre niveaux. Deux rampes se croisent à chaque demi-étage et distribuent des places de stationnement en épi, jusqu’au dernier plateau sans toit exposé au soleil de l’été et au vent de l’hiver. La chaleur assèche l’air et le froid pétrifie les sens en mordant la peau.
Les habitués évitent d’y laisser leur véhicule. Et comme il n’y a que des habitués qui se rendent au Central Parking, il n’y a jamais personne qui gare sa voiture au dernier étage.

Le parking public est la plus belle invention de l’homme civilisé après celle de la voiture à bas prix. L’une ne va pas sans l’autre. L’une ne se conçoit pas sans sa complémentaire.

Jamie avait entendu dire par un type qui travaillait à la mairie que l’édification de ce hangar à bagnoles n’était pas nécessaire au développement économique d’Albuquerque. Mais le prix de revient à l’unité était si faible qu’il aurait été stupide de s’en priver. La construction d’une place avait coûté mille cinq cents dollars à la mairie. À douze dollars le stationnement pour une nuit et soixante-huit pour une place louée mensuellement, Jamie ne comprenait pas où était la bonne affaire ; lui qui est payé cinq dollars cinquante de l’heure, pour dix heures par jour, six jours par semaine. Les changements drastiques de température et le désert viennent en sus et sont fournis gratuitement.

Informations sur le livre