Viens, le bonheur c'est par là
Il n’est jamais trop tard pour une seconde chance !
Au cœur des terres majestueuses d’Auvergne, au hameau de Perce-Neige, Auguste Vensac mène une existence paisible, marquée par ses promenades solitaires et ses souvenirs, jusqu’à ce qu’une lettre d’amour oubliée vienne bouleverser sa vie.
Cette découverte ravive le souvenir de Solange, son amour de jeunesse, qu’il a dû abandonner pour épouser une autre femme.
Désormais veuf, Auguste se trouve face à un choix déchirant : rester dans le confort de sa routine ou oser une dernière aventure. Porté par ce passé resurgi, Auguste décide de retrouver
Solange.
Entre son fils Jean qui peine à accepter ses choix, son petit-fils Maurice qui découvre l’amour, et les terres familiales qu’il faut préserver, Auguste devra naviguer entre devoir et désir, tradition et renouveau.
Extrait
L’homme marchait doucement sur ce vieux chemin, évitant les obstacles qui autrefois auraient été chassés d’un leste coup de pied. Son chien Fluteau tantôt le précédait, tantôt le suivait, se laissant surprendre par un simple courant d’air, un frisson dans l’herbe, un lézard ou une abeille cherchant son miel sur une fleur sauvage.
Auguste Vensac, après avoir perdu sa femme Gabrielle, avait procédé à un arrangement de famille comme il se doit et avait cédé sa ferme à son fils Jean. Ce dernier était marié depuis des années à Louisette qui lui avait donné un garçon : Maurice âgé de dix-sept ans.
— Comment aurais-je pu faire autrement à mon âge et dans mon état physique ? se répétait-il encore après une année de passation en exagérant sur sa santé.
Bien que ce fût de son plein gré, cette décision lui avait coûté bien de nombreuses nuits blanches. La ferme lui venait de ses parents, et la passation de la terre chez les paysans est un moment difficile à assumer. La perte de son épouse avait accéléré sa démarche. Auguste était convaincu qu’on était arrivé à la fin d’une époque et qu’il était temps de passer officiellement la main à la génération suivante. Son fils Jean lui avait promis de continuer à labourer les champs, à entretenir les prairies, de cultiver les jardins et peut-être aussi d’investir en augmentant les surfaces avec Maurice. Le petit-fils d’Auguste aidait déjà beaucoup aux nombreux travaux, aussi bien avec les animaux qu’à la grange ou dans les hangars. Le domaine comptait une grande étable pouvant accueillir près de douze vaches et leurs veaux, avec, au-dessus, la grange à foin impressionnante par sa voilure. La maison d’habitation principale ne manquait pas de prestance non plus, ce qui avait permis jusqu’à maintenant d’y vivre tous ensemble. Il y avait même un deuxième bâtiment, mais personne n’y logeait plus depuis la mort des parents d’Auguste qui étaient maintenant décédés depuis de nombreuses années.
C’était le hameau de Perce-Neige, dépendant de la commune de Saint-Anthonin. Pourquoi ce nom de Perce-Neige ? Tout simplement parce qu’il se situait sur un versant protégé où la neige fondait plus tôt qu’en d’autres lieux plus élevés.
*
Depuis qu’il « avait levé le pied » comme il aimait à le dire, Auguste Vensac avait pris l’habitude de partir seul avec son chien, préférant s’éloigner des siens afin de réfléchir librement, de s’arrêter ou de continuer sa marche, à son gré.
C’est ce qu’il venait de faire, s’asseyant à la même place que la veille et l’avant-veille, sur le rebord naturel de ce chemin descendant lentement sur lequel il aimait tant déambuler. Devant lui, pour son grand plaisir, se montraient de grandes collines peuplées d’arbres de plusieurs variétés commençant déjà à se vêtir de couleurs chatoyantes, mis à part quelques sapins ou autres résineux conservant leur verdure habituelle. Son chien Fluteau avait choisi de se blottir un moment près de lui.
— Tu n’es pas en grande forme aujourd’hui, que se passe-t-il mon chien ?
Celui-ci lui lécha un peu la main pour toute réponse. Ils n’avaient pas besoin de longs discours. L’homme le caressa et lui parla comme à son habitude sachant que la bête le comprenait tout naturellement.
— Nous allons vivre une fin d’année difficile, je le crains. Il me tarde que les blés montrent leurs premiers cheveux, mais j’en demande trop pour l’instant, c’est l’hiver qui les fera germer. Il faut laisser le temps au temps et surtout à la nature.
Il continua de caresser son chien.
— Tu vois comme le pays est grand ? Et toutes ces forêts qui vont perdre leurs feuilles et virer au gris ? J’aime venir par ici, loin des attroupements, observer les futurs automnes, précédant l’hiver…
Le silence s’installa. Les yeux rivés vers cet amoncellement de collines diverses, Auguste Vensac laissait aller ses pensées, parfois aussi grises que le ciel des jours tristes, parfois aussi lumineuses qu’un soleil d’été. Fluteau semblait partager les réflexions de son maître.
— Je n’ai plus grand-chose à moi, vois-tu mon chien, mais il va falloir vivre avec ce petit rien… C’est inhabituel, mais pour ainsi dire, je me sens aussi plus léger.