Les Minots: Une enquête à Marseille

Auteur : Romain Capdepon
Editeur : JC Lattès
Sélection Rue des Livres

« On n'est plus à Marseille mais à Rio, dans les favelas ». Ce vendredi 19 novembre 2010, le procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest, lâche ces mots devant des dizaines de caméras plantées au pied du bâtiment 37 de la cité du Clos la Rose, l'une des plus « chaudes » des quartiers nord de Marseille. Quelques minutes plus tôt, Jean-Michel Gomez, dit « Michou », a été criblé de balles de kalachnikov alors qu'il discutait avec des copains. Il n'avait que 16 ans.
Les tueurs ne se sont pas arrêtés là : dans leur fuite, ils ont « rafalé » Lenny, un minot de 11 ans. Il survivra, par miracle. Les frères Bengler, soupçonnés d'être les tireurs, ont été acquittés après un retentissant procès d'assises. En rencontrant la famille de « Michou », mais aussi Lenny, le rescapé aujourd'hui majeur, les acteurs sociaux de ce quartier, ses habitants, Romain Capdepon dépeint l'ambiance et le mode de fonctionnement d'une cité marseillaise.
Il retrace également le déroulement d'une soirée qui a marqué un point d'orgue dans l'histoire du narco-banditisme marseillais des dix dernières années. En interrogeant les policiers de la PJ, les avocats, le procureur et le ministre de l'Intérieur de l'époque, il dessine la toile de fond de ce drame : comment, depuis plusieurs années, l'avenir de toute une génération de jeunes de cités est massacré, broyé, par l'engrenage du trafic de drogue.
L'objectif n'est pas de produire une contre-enquête sur un fait divers historique qui se cherche toujours des coupables mais de relater le parcours tortueux au terme duquel deux enfants se sont retrouvés dans le viseur des tueurs et disséquer comment Marseille a basculé de façon quasi-quotidienne dans une violence d'ampleur inédite.

17,00 €
Parution : Janvier 2019
250 pages
ISBN : 978-2-7096-6262-8
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La presse en parle

Omerta des habitants, déni des élus et représailles en sous-sol. Les gosses employés par les trafiquants savent qu'ils risquent des sévices, au sécateur, à la batte de baseball, s'ils filoutent le boss. Ou une bastos dans la tête. Ils considèrent que c'est la règle du jeu. "L'un d'eux m'a raconté, froidement, avoir séquestré un 'collègue' pendant deux-trois jours dans une cave. Ils ont intégré la violence à un niveau qu'on n'imagine pas. Ils ont vu des morts, du sang, des armes. C'est presque banal pour eux."

L'auteur en a rencontré de toutes les sortes, de ces mouflets. Des fainéants appâtés par le fric, des charismatiques qui se voient comme des commerçants, et d'autres qui tentent d'échapper à l'engrenage. "Il n'y a pas de bouquin sur eux. Je voulais zoomer sur les petites mains du narcobanditisme, qui sont, au fond, de la chair à canon." On pourrait les toucher du doigt, les minots emplis d'ombres, les adultes harassés, tant Romain Capdepon a su les incarner. De l'âme et des faits : la marque du grand journalisme.
Sandra Benedetti, l'Express

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