Requiem pour Cézanne

Auteur : Bertrand Puard
Editeur : Belfond

Paris, 1908. Deux ans après la mort de Cézanne, un portrait inédit d’Émile Zola peint par le maître est trouvé devant le Panthéon.
À quelques rues de là, la police découvre un double meurtre. Qui sont les deux victimes ? Et que sait la survivante, qui n’est autre que Marie, la sœur du peintre ?
Lalie, jeune écrivaine, tente de faire la lumière car son compagnon, Paul Cézanne, le fils du peintre, a disparu. Qui sont ces gens de l’ombre qui espionnent la jeune femme ? Que cherche ce vagabond au regard halluciné ? Et qui est ce jeune voisin qui tente d’aider Lalie ?
Enlèvements, complots, tableaux mystérieux… Une intrigue au cœur de l’œuvre de Cézanne, entre Paris et Aix-en-Provence.

22,00 €
Parution : Septembre 2006
312 pages
ISBN : 978-2-7144-4258-1
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Extrait

Bientôt, l'ombre du Panthéon allait recouvrir la foule immense.
4 juin 1908. La façade du monument arbore trois gigantesques écussons violets. Dessus, on a brodé en lettres d'or les initiales E. Z., superposées pour qu'elles forment un emblème, l'emblème de la vérité et de la justice.
La journée est superbe. On enterre Emile Zola pour la seconde fois. Ce n'est plus seulement le cortège de ce peuple fier qui suivait le cercueil six ans plus tôt dans Paris jusqu'au cimetière de Montmartre, ces délégations de mineurs du Pas-de-Calais hurlant «Germinal !», ce ne sont plus ces ouvriers sortis tout droit de L'Assommoir, du Ventre de Paris, mais un fleuve d'hommes et de femmes venus dire simplement merci.
À l'intérieur de l'édifice, au centre de la nef, une haute pyramide de velours violet frangée d'or soutient le cercueil de l'écrivain. Des drapeaux tricolores l'entourent. Tout ce que la France compte d'officiels se recueille autour du catafalque. Au grand homme, la patrie enfin reconnaissante.
En bas de la rue Soufflot, les voitures se frayent diffi­cilement un chemin pour rejoindre la cérémonie. Déjà, les présidents des chambres, les ministres, le corps diplomatique, l'état-major du gouverneur de Paris, mais aussi les juges de paix et les délégations des écoles sont là. Le capitaine Dreyfus, le visage grave, a pris place non loin de Mme Zola. Georges Clemenceau lui donne une franche poignée de mains avant de rejoindre sa place. On n'attend plus que le président de la République, Armand Fallières, pour commencer la cérémonie. Et le voilà justement qui arrive. Des gardes municipaux en grande tenue, sabre au clair, forment la haie d'honneur de la façade du Panthéon jusqu'à la nef.
Plus bas encore, quelques groupuscules antidreyfusards crachent leur dégoût et distribuent quelques coups de poing au hasard. Ils brandissent fièrement Le Gaulois du jour, dans lequel Maurice Barrés s'insurge contre la cérémonie, cette «ignoble leçon donnée solennellement en plein Quartier latin à la jeunesse française», alors que Victorien Sardou, membre de l'Académie française, qui a tant de fois refusé Zola, s'exclame : «Le Panthéon est devenu un hôtel meublé !»

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