Alerte rouge

Auteur(s) : James Patterson, Marshall Karp
Editeur : L'Archipel

Une nouvelle enquête du NYPD Red, unité d'élite chargée de protéger les rich and famous, confronté à un génie du mal caché à Manhattan. Par James Patterson, n°1 mondial du suspense.
À New York, le crime ne connaît pas de trêve. Le NYPD Red non plus...

La haute société new-yorkaise est réunie au Pierre, l'un des plus prestigieux hôtels de la ville, pour un gala de charité. Soudain, une explosion souffle la salle. Plusieurs blessés, une victime. Acte terroriste ou vengeance personnelle ?

À quelques kilomètres de là, dans les entrailles d'un hôpital désaffecté de Roosevelt Island, est retrouvé le corps d'une célèbre réalisatrice de documentaires. Étranglée. Une séance SM qui aurait mal tourné ?

Deux enquêtes cousues main pour Zach Jordan et sa partenaire Kylie MacDonald, du NYPD Red, l'unité d'élite chargée de la protection des célébrités. D'autant que les meurtres s'enchaînent à une vitesse prodigieuse...

Traduction : Sebastian Danchin
20,00 €
Parution : Janvier 2020
352 pages
ISBN : 978-2-8098-2772-9
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Extrait

Le tatouage de la Grande Faucheuse qui ornait l’intérieur de la cuisse gauche d’Aubrey Davenport était pour le moins parlant:
La mort est mon aphrodisiaque
Cette devise prenait tout son sens les soirs où elle hantait les ruines de l’hôpital Renwick, une bâtisse déliquescente qui dressait sa silhouette sinistre à la pointe méridionale de Roosevelt Island.
Vibrant symbole de l’architecture néogothique d’antan, l’hôpital Renwick n’était plus qu’une carcasse de pierre ayant abrité en son temps l’agonie de plus de treize mille hommes, femmes et enfants.
Si le Renwick était une relique d’une ère révolue aux yeux des édiles de la ville, Aubrey Davenport le considérait avant tout comme sa Mecque sexuelle. Elle avait choisi de profiter de cette belle soirée du mois de mai naissant pour escalader le grillage qui ceignait le bâtiment en compagnie d’un partenaire consentant. Le couple s’enfonça dans les entrailles de l’hôpital abandonné, gagna une pièce reculée et étala une épaisse couverture sur le sol jonché de débris.
La jeune femme retira ses chaussures, son chemisier et son soutien-gorge, se débarrassa de son jean et se planta devant son partenaire, vêtue d’une minuscule culotte bleu-vert.

Les pointes de ses seins se dressèrent sous la caresse d’un courant d’air frais et elle respira avec avidité la puissante odeur de décomposition qui flottait à l’intérieur de l’hôpital, à laquelle se mêlaient les effluves humides et froids des eaux du fleuve.
Elle s’agenouilla sur la couverture, ferma les yeux et attendit.
Elle frissonna en sentant les doigts longs et fins de son partenaire lui passer silencieusement une corde autour du cou. Des doigts de pianiste, comme ceux de ton père, aurait dit la mère d’Aubrey.
Enfant, elle s’était toujours demandé pourquoi cet homme aux doigts de concertiste ne s’était jamais intéressé à la musique. Elle avait fini par comprendre que les mélodies qui s’échappaient des phalanges interminables de Cyril Davenport étaient d’une autre nature, à en juger par les cris qui s’échappaient la nuit de la chambre de ses parents.
Aubrey sentit la corde se tendre. Le mot corde n’était d’ailleurs pas adéquat puisqu’il s’agissait en vérité d’un cordon de soie, emprunté à un peignoir, qui enserrait son cou avec douceur en lui comprimant les carotides.
L’homme la saisit par les épaules et l’aida à s’allonger sur le ventre.
— C’est confortable? s’inquiéta-t-il.
L’expression la fit rire.
— Tu ris, reprit-il. La vie est belle, non?
— Hmmm, ronronna-t-elle.
— Etcen’estqueledébut,susurra-t-ilenfaisantglisser
la culotte de la jeune femme le long de ses jambes avant de retracer des doigts son chemin jusqu’au tatouage.
Il caressa du pouce la silhouette recouverte d’un suaire, s’attarda sur la faux serrée dans la main osseuse de la Mort.
— Salut, toi.
Clac ! Le martinet fouetta les fesses nues d’Aubrey, ses lanières de cuir marquant la peau tendre. Elle étouffa un cri en mordant la couverture.
La douleur n’était qu’un apéritif, son corps se cambra alors qu’elle attendait avidement la suite.
D’un geste souple, il l’obligea à plier les genoux, lui ramena les chevilles dans le dos et les attacha à l’aide du cordon de soie serré autour de son cou.
— Ta main, lui ordonna-t-il.
Aubrey glissa le bras gauche sous son ventre jusqu’à ce que sa main apparaisse entre ses cuisses.
— La vie est belle, répéta-t-il.
Du bout des doigts, Aubrey s’aventura dans les replis de son entrejambe dont elle titilla les zones les plus sensibles. Tous les éléments se conjuguaient pour exacerber son plaisir: cet homme avec son fouet, l’odeur nauséabonde du bâtiment en ruine, la présence invisible des treize mille âmes errantes qui hantaient ce lieu.
Il prononça des paroles qu’elle ne comprit pas, les mots étouffés par sa respiration laborieuse alors qu’elle atteignait le point de non-retour. Un éclair de jouissance la traversa et elle allongea lentement les jambes.
Le cordon de soie attaché à ses chevilles lui comprima le cou, le manque d’oxygène et l’afflux de gaz carbonique firent naître chez elle un vertige proche de l’état hallucinatoire et l’orgasme la laissa exsangue, le souffle coupé. Emportée par une puissante vague d’euphorie, elle s’arc-bouta de façon à intensifier la pression du cordon autour de son cou, heureuse de pouvoir prolonger le plaisir quelques instants encore.
Si l’asphyxie érotique avait été une discipline olympique, Aubrey aurait pu prétendre à une médaille. Elle était au bord de la perte de connaissance lorsqu’elle relâcha la pression en ramenant ses chevilles au niveau de ses fesses.
Loin de retrouver sa souplesse initiale, le cordon de soie se tendit et Aubrey fut prise de panique. Elle se débattit et dégagea ses bras avec l’intention de dénouer le cordon dans son dos, les poumons bloqués.
Elle veillait pourtant à ne jamais prendre de risques inutiles, comment était-ce possible ? Elle chercha le cordon des doigts et découvrit la main de son partenaire. Il serra le nœud et elle laissa retomber ses bras, trop faible pour se battre, consciente que tout était perdu.
Un voile noir s’abattit sur elle et un afflux de larmes ruissela le long de ses joues alors que la Faucheuse réclamait son dû. Au cours de la poignée de secondes qui conclut son existence, Aubrey Davenport comprit soudain qu’elle n’avait pas envie de mourir.

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